Conférence ministérielle euro-africaine sur la migration et le développement, 11 juillet 2006
La Déclaration de Rabat
La Déclaration de Rabat
"Nous, ministres des Affaires étrangères, ministres compétents en matière de migration et de développement, et autres représentants des pays partenaires: Allemagne, Autriche, Belgique, Bénin, Bulgarie, Burkina Faso, Cameroun, Cap Vert, Chypre, Congo, Côte d'Ivoire, Danemark, Egypte, Espagne, Estonie, Finlande, France, Gabon, Gambie, Ghana, Grèce, Guinée Bissau, Guinée, Guinée Equatoriale, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Lettonie, Libéria, Libye, Lituanie, Luxembourg, Mali, Malte, Maroc, Mauritanie, Niger, Nigeria, Norvège, Pays Bas, Pologne, Portugal, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, République Tchèque, Roumanie, Royaume Uni, Sénégal, Sierra Leone, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Tchad, Togo, Tunisie et Commission européenne.Réunis, à l'invitation du Royaume du Maroc, les 10 et 11 juillet à Rabat, dans le cadre de la Conférence ministérielle euro-africaine sur la migration et le développement.Remerciant le Royaume du Maroc, en sa qualité de pays hôte pour l'excellente organisation de cette conférence et pour son hospitalité, ainsi que pour sa participation active et son initiative conjointe avec l'Espagne et la France.Exprimant sa considération à la République du Sénégal pour son engagement actif, en particulier pour l'excellente organisation des réunions préparatoires à Dakar.Remerciant tous les pays ayant contribué l'élaboration du Plan d'action et de la Déclaration finale.Remerciant également les organisations internationales et régionales présentes pendant la conférence.Conscients que les destins de nos pays sont liés et que seul le développement d'une solidarité agissante rapide et tangible intégrant à la fois les impératifs du développement et de la sécurité pour tous, sera à même d'apporter une réponse durable à la question de la maîtrise des flux migratoires.Persuadés que les migrations internationales ont des effets positifs sur les pays d'accueil, de transit et d'origine lorsque ces flux sont bien gérés.Conscients que la gestion des flux migratoires ne peut se faire à travers des mesures de contrôle seulement, mais nécessite également une action concertée sur les causes profondes de la migration, notamment à travers la mise en place de projets de développement en Afrique.Affirmant que les migrations irrégulières, le trafic des migrants et la traite des êtres humains, doivent être combattus efficacement, dans le cadre d'un partenariat viable et solidaire en respectant les droits fondamentaux et la dignité des migrants.Conscients de la nécessité de fournir une protection internationale adéquate conformément aux obligations internationales des pays partenaires.Conscients qu'il est nécessaire de mieux utiliser le potentiel de la migration comme facteur de développement, de modernisation, et d'innovation des sociétés d'origine et d'accueil.Convaincus que les flux migratoires s'alimentent de facteurs structurels puissants, qui opèrent à la fois dans les sociétés d'origine, de transit et de destination, et que ceux-ci ont une motivation à forte dominante économique et sociale.Préoccupés par le phénomène de la fuite des cerveaux qui freine le développement des pays d'origine en les privant des compétences de qualité, de décideurs et de cadres d'expérience.Réaffirmant que la gestion de ces flux exige une réponse cohérente abordant, dans une perspective globale et équilibrée, les différents aspects et les diverses phases du processus migratoire dans sa globalité, dans le cadre d'une démarche impliquant les pays d'origine, de transit et de destination.Nous engageons à créer et à développer un partenariat étroit entre nos pays respectifs pour travailler de façon conjointe, suivant une approche globale, équilibrée, pragmatique et opérationnelle, dans le respect des droits fondamentaux et de la dignité des migrants et des réfugiés, sur le phénomène des routes migratoires qui touche nos peuples.a) Ce partenariat entre les pays d'origine, de transit et de destination de la migration vise à apporter des réponses concrètes et appropriées à la question centrale de la maîtrise des flux migratoires et est fondé sur la forte conviction que la gestion de la migration entre l'Afrique et l'Europe doit s'inscrire dans un partenariat de lutte contre la pauvreté et de promotion du développement durable et du co-développement.b) Le renforcement d'un environnement propice au développement passe par la bonne gouvernance, par les échanges humains et commerciaux, par la promotion de la paix et de la stabilité, ainsi que par la cohérence des politiques internationales.c) Le partenariat institué par la présente déclaration entend gérer de façon optimale et dans un esprit de responsabilité partagée les flux migratoires entre les pays d'origine, de transît et de destination des migrations.d) Outre les questions de développement structurel, ce partenariat abordera également le phénomène migratoire sous tous les angles jugés pertinents par les pays partenaires tels que :- la valorisation du potentiel de la migration légale et ses incidences bénéfiques sur le développement des pays d'origine, de transit et d'accueil.- le renforcement des capacités des pays d'origine, de transit et de destination pour gérer les flux migratoires dans leur ensemble.- le développement de campagnes de sensibilisation.- la facilitation de la circulation des travailleurs et des personnes.- la mise en oeuvre d'une politique active d'intégration des migrants en situation régulière et de lutte contre l'exclusion, la xénophobie et le racisme.- le contrôle des frontières.- la lutte contre la migration illégale, y compris la réadmission des migrants en situation irrégulière et la lutte contre la traite des êtres humains.e) Ce partenariat aura un caractère pragmatique et opérationnel, comme le démontre la traduction concrète de tous ces éléments dans un Plan d'action qui a reçu l'accord de tous les participants, et qui se trouve annexé à la présente déclaration.Sommes engagés, pleinement conscients de nos responsabilités, en ce qui concerne la " Coopération en matière de développement et " la Coopération en matière de gestion des flux migratoires " eu égard à l'urgence de la situation, à commencer à intégrer les mesures cohérentes avec le Plan d'Action dans nos politiques et actions dans ces domaines et ce, tout en préservant son caractère global et équilibré.Dans cette perspective, nous chargeons, au titre du suivi, nos Hauts Fonctionnaires de se réunir pour procéder à une première évaluation de la mise en oeuvre du Plan d'action et de proposer une date pour la tenue d'une deuxième conférence ministérielle, au plus tard dans deux ans.Nous engageons à encourager et à approfondir le dialogue politique et opérationnel entre l'Union européenne et l'Afrique en matière de migration et de développement, par :a) L'approfondissement d'un dialogue politique de portée continentale et la tenue d'une Conférence ministérielle Afrique-Europe dédiée à la "Migration et Développement", sur le modèle du Sommet du Caire qui s'est tenu les 3 et 4 avril 2000. A cet égard, nous saluons l'offre de la Libye d'accueillir cette conférence à Tripoli, avant la fin de l'année 2006, comme contribution à une Stratégie commune et au II-ème Sommet UE-Afrique, qui doit se tenir à Lisbonne aussitôt que possible.b) Conscients du lien existant entre les routes migratoires, encourageant les pays et organisations concernés d'Afrique et d'Europe à adhérer aux concepts de la Conférence de Rabat.c) L'intensification du dialogue bilatéral sur les questions migratoires entre les différents pays d'origine et de transit avec l'Union européenne et ses Etats membres, y compris dans le cadre de l'Article 13 de l'Accord de Cotonou.Invitons les organisations internationales et régionales, eu égard au rôle important à jouer dans le suivi et la mise en oeuvre du Plan d'action, à contribuer et à accompagner les Etats participants dans la mise en place et dans l'exécution du plan d'action, et plus particulièrement en ce qui concerne sa dimension développement.Nous présenterons, dans le cadre du dialogue de Haut Niveau des Nations Unies, l'approche, les conclusions et le Plan d'action de la présente conférence comme une contribution pragmatique et opérationnelle, à l'heure d'aborder conjointement la gestion des flux migratoires ".
AFP 11 juillet 2006
Immigration : Européens et Africains scellent à Rabat un pacte flouL'Europe et l'Afrique occidentale ont scellé mardi à Rabat un partenariat inédit, mais encore flou sur sa mise en oeuvre et son financement, pour tenter d'endiguer les déferlements désespérés d'émigrants africains aux portes sud de l'Europe, en particulier l'Espagne.Les ministres de 57 pays ont clôturé la Conférence euro-africaine sur la migration et le développement de Rabat en adoptant une déclaration politique et un "Plan d'action" de 62 recommandations, qui combinent pour la première fois approches sécuritaire et de développement."Nous ne serons jugés qu'aux résultats", a averti la ministre française déléguée aux Affaires européennes, Catherine Colonna. Cette conférence "fondatrice" est "un point de départ, pas un aboutissement", a-t-elle souligné.Les 57 pays représentés, 30 européens et 27 africains, se sont engagés à "créer et à développer un partenariat étroit (...) pour travailler de façon conjointe, suivant une approche globale, équilibrée, pragmatique et opérationnelle, dans le respect des droits fondamentaux et de la dignité des migrants et des réfugiés, sur le phénomène des routes migratoires".Leur déclaration politique s'appuie sur un "Plan d'action" censé "répondre à l'urgence" et à l'émotion née des drames de l'immigration clandestine dans les enclaves espagnols de Ceuta et Melilla au nord du Maroc, et aux Canaries. Mais le Plan demeure à ce stade un catalogue de bonnes intentions à concrétiser."Ce qui est fondamental, a estimé le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, Taieb Fassi Fihri, c'est que tout le monde est désormais d'accord que la question des flux migratoires ne peut ni ne doit se traiter de manière unilatérale ou bilatérale".La Conférence de Rabat a permis d'arrêter "l'architecture définitive" d'une "approche globale (..) au plan géographique et des thèmes abordés", a-t-il dit.C'est la première fois en effet que des responsables de pays d'origine, de transit et d'accueil cherchaient une réponse concertée à un phénomène socialement et politiquement explosif sur les deux continents.Au chapitre répressif, le Plan d'action de Rabat préconise la "mise en place (...) de systèmes efficaces de réadmission dans l'ensemble des pays concernés", des émigrants entrés irrégulièrement en Europe, et une lutte active contre les filières mafieuses de "marchands d'illusion".Ce volet sécuritaire est contrebalancé par l'engagement européen d'augmenter la contribution au développement des pays de "la route de l'immigration" pour tenter d'y fixer les candidats potentiels à "l'Eldorado européen".Sont ainsi évoqués "des projets de coopération dans certains domaines générateurs d'emploi", comme l'agriculture, l'artisanat, le tourisme, ou la pêche.Le Plan d'action recommande également d'inciter fiscalement les diasporas africaines implantées légalement en Europe à rediriger leur épargne vers leurs pays d'origine dans des micro-projets de co-développement.En réponse aux vives inquiétudes africaines sur les risques de "fuite des cerveaux" suscitées par la volonté affichée par Paris et Madrid de favoriser une immigration légale "choisie", la Conférence de Rabat suggère des garde-fous: contrats temporaires, incitations au retour des étudiants africains.Mais le partenariat de Rabat reste peu disert sur les moyens financiers de sa politique, évoquant le "recensement" et l'"optimisation des fonds et des moyens institutionnels existants"... sans citer aucun chiffre."Ce n'était pas une réunion de bailleurs de fonds", a justifié le ministre sénégalais de l'Intérieur, Cheick Tidiane Gadio.Mme Colonna a promis une "sensible augmentation des moyens", expliquant que d'ici 2015, l'enveloppe globale de l'aide des pays européens au développement augmentera de 46 milliards d'euros, "dont la moitié pour l'Afrique".
Immigration : Européens et Africains scellent à Rabat un pacte flouL'Europe et l'Afrique occidentale ont scellé mardi à Rabat un partenariat inédit, mais encore flou sur sa mise en oeuvre et son financement, pour tenter d'endiguer les déferlements désespérés d'émigrants africains aux portes sud de l'Europe, en particulier l'Espagne.Les ministres de 57 pays ont clôturé la Conférence euro-africaine sur la migration et le développement de Rabat en adoptant une déclaration politique et un "Plan d'action" de 62 recommandations, qui combinent pour la première fois approches sécuritaire et de développement."Nous ne serons jugés qu'aux résultats", a averti la ministre française déléguée aux Affaires européennes, Catherine Colonna. Cette conférence "fondatrice" est "un point de départ, pas un aboutissement", a-t-elle souligné.Les 57 pays représentés, 30 européens et 27 africains, se sont engagés à "créer et à développer un partenariat étroit (...) pour travailler de façon conjointe, suivant une approche globale, équilibrée, pragmatique et opérationnelle, dans le respect des droits fondamentaux et de la dignité des migrants et des réfugiés, sur le phénomène des routes migratoires".Leur déclaration politique s'appuie sur un "Plan d'action" censé "répondre à l'urgence" et à l'émotion née des drames de l'immigration clandestine dans les enclaves espagnols de Ceuta et Melilla au nord du Maroc, et aux Canaries. Mais le Plan demeure à ce stade un catalogue de bonnes intentions à concrétiser."Ce qui est fondamental, a estimé le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, Taieb Fassi Fihri, c'est que tout le monde est désormais d'accord que la question des flux migratoires ne peut ni ne doit se traiter de manière unilatérale ou bilatérale".La Conférence de Rabat a permis d'arrêter "l'architecture définitive" d'une "approche globale (..) au plan géographique et des thèmes abordés", a-t-il dit.C'est la première fois en effet que des responsables de pays d'origine, de transit et d'accueil cherchaient une réponse concertée à un phénomène socialement et politiquement explosif sur les deux continents.Au chapitre répressif, le Plan d'action de Rabat préconise la "mise en place (...) de systèmes efficaces de réadmission dans l'ensemble des pays concernés", des émigrants entrés irrégulièrement en Europe, et une lutte active contre les filières mafieuses de "marchands d'illusion".Ce volet sécuritaire est contrebalancé par l'engagement européen d'augmenter la contribution au développement des pays de "la route de l'immigration" pour tenter d'y fixer les candidats potentiels à "l'Eldorado européen".Sont ainsi évoqués "des projets de coopération dans certains domaines générateurs d'emploi", comme l'agriculture, l'artisanat, le tourisme, ou la pêche.Le Plan d'action recommande également d'inciter fiscalement les diasporas africaines implantées légalement en Europe à rediriger leur épargne vers leurs pays d'origine dans des micro-projets de co-développement.En réponse aux vives inquiétudes africaines sur les risques de "fuite des cerveaux" suscitées par la volonté affichée par Paris et Madrid de favoriser une immigration légale "choisie", la Conférence de Rabat suggère des garde-fous: contrats temporaires, incitations au retour des étudiants africains.Mais le partenariat de Rabat reste peu disert sur les moyens financiers de sa politique, évoquant le "recensement" et l'"optimisation des fonds et des moyens institutionnels existants"... sans citer aucun chiffre."Ce n'était pas une réunion de bailleurs de fonds", a justifié le ministre sénégalais de l'Intérieur, Cheick Tidiane Gadio.Mme Colonna a promis une "sensible augmentation des moyens", expliquant que d'ici 2015, l'enveloppe globale de l'aide des pays européens au développement augmentera de 46 milliards d'euros, "dont la moitié pour l'Afrique".
AFP 11 juillet 2006
Europe and Africa reach vague pact on illegal immigrationRABAT: European and African ministers on Tuesday reached agreement on a partnership to curb the influx of illegal immigrants to Europe, but just how the plan will be implemented and financed remains vague. Ministers from 57 countries are expected to close their Euro-African conference in Rabat Tuesday with the adoption of an action plan, including some 62 recommendations dealing with security and development as well as a political statement. The conference, triggered by the mass clandestine immigration to ports in Italy and Spain by Africans, who usually undertake a dangerous journey in unseaworthy boats, marks the first time that Europe and Africa have tried to reach a common response to the situation, which has been a politically explosive issue on both continents. The plan hammered out in Rabat calls for putting measures in place to repatriate would-be immigrants “with respect for people’s dignity and fundamental human rights”. It also calls for judicial and police cooperation against human trafficking and the crime networks that operate illegal immigration routes.
Europe and Africa reach vague pact on illegal immigrationRABAT: European and African ministers on Tuesday reached agreement on a partnership to curb the influx of illegal immigrants to Europe, but just how the plan will be implemented and financed remains vague. Ministers from 57 countries are expected to close their Euro-African conference in Rabat Tuesday with the adoption of an action plan, including some 62 recommendations dealing with security and development as well as a political statement. The conference, triggered by the mass clandestine immigration to ports in Italy and Spain by Africans, who usually undertake a dangerous journey in unseaworthy boats, marks the first time that Europe and Africa have tried to reach a common response to the situation, which has been a politically explosive issue on both continents. The plan hammered out in Rabat calls for putting measures in place to repatriate would-be immigrants “with respect for people’s dignity and fundamental human rights”. It also calls for judicial and police cooperation against human trafficking and the crime networks that operate illegal immigration routes.
Reuters 11 juillet 2006
Europe, Africa endorse joint plan on migrationby Lamine GhanmiRABAT, July 11 (Reuters) - European and African ministers hailed a new era of cooperation in fighting illegal migration on Tuesday and backed a plan to support legal migrants, crack down on human traffickers and make aid to Africa more effective.But migrant rights' groups said the plan was vague on offers of more aid and trade to help the world's poorest continent discourage would-be migrants by creating more jobs at home."There is no expanded aid from Europe to Africa in the plan," one African delegate told Reuters. "We have a plan and the means exist to implement it," said France's European Affairs Minister, Catherine Colonna, at the end of a two-day meeting of over 50 countries in the Moroccan capital.The ministers approved a joint strategy to tackle illegal migration, the source of hope for thousands of Africans seeking a better life but an object of fear in Europe, where politicians warn that taking in more migrants would fuel racism and support for far-right groups."We met in Rabat because past experience showed that the security approach to stem the migration flow was not sufficient and European aid to Africa has reached its limits," said Senegalese Interior Minister Ousmane Ngom."We must link the two and Rabat offered us the structure for that," he said."It is important to undertake swift and concrete action in order to respond to this urgent situation," the draft plan said.The Rabat document proposed more coordination in patrolling borders and sea routes, a Euro-African migration observatory to track people's movements and measures to increase awareness of the dangers of illegal migration, especially among young people in the poorest parts of Africa.MIGRANT REPATRIATION"The conference was a great success as it was concluded by a plan of action, with a balanced approach on migration," said Morocco's junior foreign minister, Tayeb Fassi Fihri.Countries will try to smooth out procedures for repatriating illegal migrants and clarify rules on how they are treated to preserve their dignity, delegates said."We are open for repatriating illegal migrants but we have to discuss it more with European partners because some African countries are becoming countries of transit and origin of migrants," said an African delegate.Spanish Foreign Minister Angel Miguel Moratinos tried to appease African states' worries about repatriation, telling reporters: "Repatriation is part of the package, of the whole cooperation policy. The conference helped us overcome the obsession with repatriation." The plan puts a new emphasis on the positive side of migration by promoting incentives to get more Africans into universities on both continents, set up a Euro-African business forum and help migrants returning home to start businesses.Regional integration and cooperation will be given new momentum, bringing together municipalities and businesses on each continent to spur growth and fight poverty in Africa.But delegates avoided discusion of the corruption and mismanagement that have widened the wealth gap between the two continents and made Europe a magnet for frustrated, jobless young Africans."Europe has a fundamental role to play when we talk about bad governance because these governments are often supported by the EU," said Mohamed Khachani, head of the Moroccan migration research group AMERM.Colonna said the Rabat gathering would be followed by another before the end of the year involving the EU and the African Union and focusing on other migrant routes futher east.That meeting is likely to include Algeria, which has strained relations with Morocco and did not attend the meeting.
Europe, Africa endorse joint plan on migrationby Lamine GhanmiRABAT, July 11 (Reuters) - European and African ministers hailed a new era of cooperation in fighting illegal migration on Tuesday and backed a plan to support legal migrants, crack down on human traffickers and make aid to Africa more effective.But migrant rights' groups said the plan was vague on offers of more aid and trade to help the world's poorest continent discourage would-be migrants by creating more jobs at home."There is no expanded aid from Europe to Africa in the plan," one African delegate told Reuters. "We have a plan and the means exist to implement it," said France's European Affairs Minister, Catherine Colonna, at the end of a two-day meeting of over 50 countries in the Moroccan capital.The ministers approved a joint strategy to tackle illegal migration, the source of hope for thousands of Africans seeking a better life but an object of fear in Europe, where politicians warn that taking in more migrants would fuel racism and support for far-right groups."We met in Rabat because past experience showed that the security approach to stem the migration flow was not sufficient and European aid to Africa has reached its limits," said Senegalese Interior Minister Ousmane Ngom."We must link the two and Rabat offered us the structure for that," he said."It is important to undertake swift and concrete action in order to respond to this urgent situation," the draft plan said.The Rabat document proposed more coordination in patrolling borders and sea routes, a Euro-African migration observatory to track people's movements and measures to increase awareness of the dangers of illegal migration, especially among young people in the poorest parts of Africa.MIGRANT REPATRIATION"The conference was a great success as it was concluded by a plan of action, with a balanced approach on migration," said Morocco's junior foreign minister, Tayeb Fassi Fihri.Countries will try to smooth out procedures for repatriating illegal migrants and clarify rules on how they are treated to preserve their dignity, delegates said."We are open for repatriating illegal migrants but we have to discuss it more with European partners because some African countries are becoming countries of transit and origin of migrants," said an African delegate.Spanish Foreign Minister Angel Miguel Moratinos tried to appease African states' worries about repatriation, telling reporters: "Repatriation is part of the package, of the whole cooperation policy. The conference helped us overcome the obsession with repatriation." The plan puts a new emphasis on the positive side of migration by promoting incentives to get more Africans into universities on both continents, set up a Euro-African business forum and help migrants returning home to start businesses.Regional integration and cooperation will be given new momentum, bringing together municipalities and businesses on each continent to spur growth and fight poverty in Africa.But delegates avoided discusion of the corruption and mismanagement that have widened the wealth gap between the two continents and made Europe a magnet for frustrated, jobless young Africans."Europe has a fundamental role to play when we talk about bad governance because these governments are often supported by the EU," said Mohamed Khachani, head of the Moroccan migration research group AMERM.Colonna said the Rabat gathering would be followed by another before the end of the year involving the EU and the African Union and focusing on other migrant routes futher east.That meeting is likely to include Algeria, which has strained relations with Morocco and did not attend the meeting.
AP 11 juillet 2006
La conférence de Rabat adopte un plan d'action pour lutter contre l'immigration clandestine
par John ThorneRABAT (AP) -- Les ministres des Affaires étrangères de 58 pays d'Europe et d'Afrique ont adopté mardi à Rabat un plan d'action pour lutter contre l'immigration clandestine et la pauvreté, qui pousse les candidats à l'exil en Afrique à tenter leurs chances vers le Vieux Continent. Ces mesures ont été adoptées à la fin d'une conférence euro-africaine de deux jours sur les migrations et le développement, destinée à trouver des solutions durables à la question de l'immigration clandestine. Le plan d'action prévoit notamment l'octroi de subventions aux migrants légaux pour la création d'entreprises dans leur pays d'origine; l'octroi de permis de travail à durée limitée pour les travailleurs qualifiés en fonction des besoins du marché; une meilleure coordination entre services de sécurité et tribunaux des différents pays pour améliorer la lutte contre l'immigration clandestine; un meilleur apprentissage des langues pour les immigrants légaux avant leur départ pour l'Europe. Le financement de ces mesures doit provenir de l'UE, des Etats partenaires et "d'instititions ou organisations internationales" non précisées. Loin des caméras, certains délégués ont abordé la question de la corruption. Le ministre belge de la Coopération Armand de Decker a évoqué un problème de "mauvaise gouvernance africaine", conduisant au détournement ou au vol de l'aide financière. "Nous voulons que les (gouvernements africains) travaillent plus efficacement, et nous sommes prêts à travailler avec eux", a déclaré Erkki Tuomioja, ministre finlandais des Affaires étrangères, dont le pays occupe la présidence tournante de l'Union européenne. La Commission européenne a proposé mardi un fonds de trois milliards d'euros pour promouvoir la bonne gouvernance en Afrique, une mesure destinée à lutter contre la pauvreté. L'exécutif européen a précisé que cette aide serait utilisée pour encourager les réformes et distribuée aux pays faisant des efforts en matière de gouvernance. Les clandestins africains frappent de plus en plus à la porte de l'Europe. Plus de 10.000 clandestins africains ont gagné les Canaries depuis le début de l'année, soit deux fois plus que pour l'ensemble de 2005, selon Jean-Philippe Chauzy, porte-parole des l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les candidats à l'exil ne sont pas découragés par le renforcement des contrôles aux frontières ni par les dangers de la traversée vers le territoire européen, voyage dans lequel quelque 40% périssent. La conférence de Rabat réunissait pour la première fois les pays d'origine, de transit et de destination des flux migratoires entre l'Afrique et l'Europe, selon la commissaire aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner.
La conférence de Rabat adopte un plan d'action pour lutter contre l'immigration clandestine
par John ThorneRABAT (AP) -- Les ministres des Affaires étrangères de 58 pays d'Europe et d'Afrique ont adopté mardi à Rabat un plan d'action pour lutter contre l'immigration clandestine et la pauvreté, qui pousse les candidats à l'exil en Afrique à tenter leurs chances vers le Vieux Continent. Ces mesures ont été adoptées à la fin d'une conférence euro-africaine de deux jours sur les migrations et le développement, destinée à trouver des solutions durables à la question de l'immigration clandestine. Le plan d'action prévoit notamment l'octroi de subventions aux migrants légaux pour la création d'entreprises dans leur pays d'origine; l'octroi de permis de travail à durée limitée pour les travailleurs qualifiés en fonction des besoins du marché; une meilleure coordination entre services de sécurité et tribunaux des différents pays pour améliorer la lutte contre l'immigration clandestine; un meilleur apprentissage des langues pour les immigrants légaux avant leur départ pour l'Europe. Le financement de ces mesures doit provenir de l'UE, des Etats partenaires et "d'instititions ou organisations internationales" non précisées. Loin des caméras, certains délégués ont abordé la question de la corruption. Le ministre belge de la Coopération Armand de Decker a évoqué un problème de "mauvaise gouvernance africaine", conduisant au détournement ou au vol de l'aide financière. "Nous voulons que les (gouvernements africains) travaillent plus efficacement, et nous sommes prêts à travailler avec eux", a déclaré Erkki Tuomioja, ministre finlandais des Affaires étrangères, dont le pays occupe la présidence tournante de l'Union européenne. La Commission européenne a proposé mardi un fonds de trois milliards d'euros pour promouvoir la bonne gouvernance en Afrique, une mesure destinée à lutter contre la pauvreté. L'exécutif européen a précisé que cette aide serait utilisée pour encourager les réformes et distribuée aux pays faisant des efforts en matière de gouvernance. Les clandestins africains frappent de plus en plus à la porte de l'Europe. Plus de 10.000 clandestins africains ont gagné les Canaries depuis le début de l'année, soit deux fois plus que pour l'ensemble de 2005, selon Jean-Philippe Chauzy, porte-parole des l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les candidats à l'exil ne sont pas découragés par le renforcement des contrôles aux frontières ni par les dangers de la traversée vers le territoire européen, voyage dans lequel quelque 40% périssent. La conférence de Rabat réunissait pour la première fois les pays d'origine, de transit et de destination des flux migratoires entre l'Afrique et l'Europe, selon la commissaire aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner.
Reuters 12 juillet 2006
La conférence de Rabat, miroir des dissensions Afrique-Europepar Ingrid Melander et Tom PfeifferRABAT (Reuters) - Microcrédit, échanges universitaires, transfert de fonds détaxés... Des idées ont fusé en pagaille tout au long des deux jours de débat qui ont réuni à Rabat, au Maroc, une cinquantaine de pays d'Afrique et d'Europe autour du thème de l'immigration.Mais le dynamisme des débats n'a pas réussi à masquer les dissensions profondes qui divisent les deux continents sur les procédures à mettre en oeuvre pour le rapatriement des clandestins."L'Europe ne semble pas avoir vraiment changé de voie et reste toujours obsédée par son combat contre l'immigration illégale", note Mohamed Khachani, directeur d'un centre de recherche marocain sur l'immigration."Nous attendions un dialogue franc et sincère qui aille au coeur des problèmes, mais visiblement ce n'est pas ce qui s'est passé."L'Europe a défendu l'immigration légale, et vanté les mérites du microcrédit permettant de créer de nouveaux emplois sur place et de développer des centres médicaux de qualité afin d'endiguer l'exode massif des médecins africains.Mais pas un délégué n'a évoqué les problèmes de gaspillage et de corruption qui empêchent l'Afrique de développer ses infrastructures et son économie au rythme de la croissance rapide de sa population."L'Europe a un rôle essentiel à jouer quand on parle de mauvaise gouvernance car l'Union européenne soutient souvent ces gouvernements", estime Khachani.Selon cet analyste, bien peu a été fait pendant ces deux jours pour tâcher de soulager la souffrance des milliers d'Africains déterminés à braver tous les dangers dans l'espoir d'une vie meilleure en Europe.PLAN MARSHALLLa conférence de Rabat pourrait rester dans les annales comme une occasion manquée, estiment des experts.Si l'Europe continue par exemple de promettre au Maroc 70 millions d'euros destinés à lutter contre l'immigration illégale, aucune extension de l'aide au développement vers l'Afrique n'a en revanche été annoncée.De son côté, le ministre malien représentant les ressortissants à l'étranger, Oumar Hamadoun Dico, affirme que l'Afrique ne peut se contenter de microcrédits."Nous avons besoin de trouver des solutions aux problèmes de chômage, surtout pour les jeunes", a-t-il estimé. "Nous avons besoin d'un Plan Marshall pour l'Afrique et non d'une aide qui vienne au coup par coup."L'harmonie diplomatique qui a régné sur toute la conférence a parfois été rompue par des manifestations d'exaspération des uns et des autres.Le président du gouvernement régional des Iles Canaries a ainsi reproché au Sénégal de ne pas avoir suffisamment investi dans des patrouilles maritimes pour empêcher les immigrants illégaux d'atteindre les îles espagnoles.Plus tard, le secrétaire d'Etat tunisien pour les Affaires européennes, Hatem Ben Salem, s'est plaint que l'UE exige de son pays qu'il raccompagne les immigrants non-Tunisiens traversant son territoire pour aller en Europe."Vous ne pouvez pas demander aux pays du Maghreb de s'occuper des problèmes des pays européens", a-t-il déclaré.
La conférence de Rabat, miroir des dissensions Afrique-Europepar Ingrid Melander et Tom PfeifferRABAT (Reuters) - Microcrédit, échanges universitaires, transfert de fonds détaxés... Des idées ont fusé en pagaille tout au long des deux jours de débat qui ont réuni à Rabat, au Maroc, une cinquantaine de pays d'Afrique et d'Europe autour du thème de l'immigration.Mais le dynamisme des débats n'a pas réussi à masquer les dissensions profondes qui divisent les deux continents sur les procédures à mettre en oeuvre pour le rapatriement des clandestins."L'Europe ne semble pas avoir vraiment changé de voie et reste toujours obsédée par son combat contre l'immigration illégale", note Mohamed Khachani, directeur d'un centre de recherche marocain sur l'immigration."Nous attendions un dialogue franc et sincère qui aille au coeur des problèmes, mais visiblement ce n'est pas ce qui s'est passé."L'Europe a défendu l'immigration légale, et vanté les mérites du microcrédit permettant de créer de nouveaux emplois sur place et de développer des centres médicaux de qualité afin d'endiguer l'exode massif des médecins africains.Mais pas un délégué n'a évoqué les problèmes de gaspillage et de corruption qui empêchent l'Afrique de développer ses infrastructures et son économie au rythme de la croissance rapide de sa population."L'Europe a un rôle essentiel à jouer quand on parle de mauvaise gouvernance car l'Union européenne soutient souvent ces gouvernements", estime Khachani.Selon cet analyste, bien peu a été fait pendant ces deux jours pour tâcher de soulager la souffrance des milliers d'Africains déterminés à braver tous les dangers dans l'espoir d'une vie meilleure en Europe.PLAN MARSHALLLa conférence de Rabat pourrait rester dans les annales comme une occasion manquée, estiment des experts.Si l'Europe continue par exemple de promettre au Maroc 70 millions d'euros destinés à lutter contre l'immigration illégale, aucune extension de l'aide au développement vers l'Afrique n'a en revanche été annoncée.De son côté, le ministre malien représentant les ressortissants à l'étranger, Oumar Hamadoun Dico, affirme que l'Afrique ne peut se contenter de microcrédits."Nous avons besoin de trouver des solutions aux problèmes de chômage, surtout pour les jeunes", a-t-il estimé. "Nous avons besoin d'un Plan Marshall pour l'Afrique et non d'une aide qui vienne au coup par coup."L'harmonie diplomatique qui a régné sur toute la conférence a parfois été rompue par des manifestations d'exaspération des uns et des autres.Le président du gouvernement régional des Iles Canaries a ainsi reproché au Sénégal de ne pas avoir suffisamment investi dans des patrouilles maritimes pour empêcher les immigrants illégaux d'atteindre les îles espagnoles.Plus tard, le secrétaire d'Etat tunisien pour les Affaires européennes, Hatem Ben Salem, s'est plaint que l'UE exige de son pays qu'il raccompagne les immigrants non-Tunisiens traversant son territoire pour aller en Europe."Vous ne pouvez pas demander aux pays du Maghreb de s'occuper des problèmes des pays européens", a-t-il déclaré.
Européens et Africains s'engagent à coopérer pour maîtriser les flux migratoires
par Michel Zerr .Dans leur déclaration finale, les participants à la conférence de Rabat s'engagent à coopérer contre l'afflux de clandestins en Europe. CE FUT une première dans la longue histoire des relations entre l'Europe et le continent africain : avoir réussi à mettre autour d'une table près de soixante (57 précisément) délégués ministériels représentant les pays d'origine, de transit et d'accueil, pour discuter de la maîtrise des flux migratoires. Avec une volonté commune de coopérer et d'établir un lien entre lutte contre l'immigration clandestine et développement des pays du Sud. « Fuite des cerveaux » L'initiative en revient au Maroc et à l'Espagne, soutenus par la France, au lendemain des dramatiques événements de l'automne 2005 autour de Ceuta et de Melilla, les deux enclaves espagnoles en territoire marocain. Par vagues successives, plusieurs centaines de clandestins, pour la plupart d'origine subsaharienne, avaient tenté, et parfois réussi, de passer en terre espagnole. Ces tentatives désespérées s'étaient soldées par la mort de 11 clandestins. Dans leur déclaration politique, les participants à la conférence soulignent que la gestion des flux migratoires ne peut se résumer aux seules mesures de contrôle. Elle nécessite une action concertée des États afin de soutenir des projets de développement en Afrique. Toute la question est de savoir comment organiser une immigration africaine légale vers l'Europe, sans pour autant «frayer le chemin à une fuite catastrophique des cerveaux», selon l'expression du ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheick Tidiane Gadio. Accords bilatéraux Pour sa part, Nicolas Sarkozy n'a pas caché que «l'immigration zéro est un mythe dangereux», affirmant «avoir la conviction profonde que l'immigration africaine, sous certaines conditions, peut être une chance aussi bien pour l'Europe que pour l'Afrique». Le ministre de l'Intérieur a réaffirmé parallèlement sa détermination à lutter contre l'immigration illégale, qu'il juge «intolérable». La France, représentée par quatre ministres – Philippe Douste-Blazy (Affaires étrangères), Nicolas Sarkozy, Catherine Colonna (Affaires européennes) et Brigitte Girardin (Outre-Mer) – a proposé dix-huit mesures reprises pour l'essentiel dans le plan d'action élaboré lors de la réunion préparatoire de Dakar en juin dernier. Parmi celles-ci, la création d'un observatoire euro-africain des migrations qui doit permettre une meilleure connaissance des flux migratoires et de mieux apprécier les éléments qui structurent les routes empruntées par les migrants. Paris souhaite également étendre, de façon concertée, les accords de réadmission bilatéraux entre pays de destination et pays de transit ou d'origine, afin d'organiser le retour des personnes qui n'ont pas ou plus le droit de séjourner dans un État. Cinq accords de ce type sont en négociation entre la France et des États africains, mais rien n'est encore conclu. La déclaration politique de Rabat a retenu la proposition faite par la Libye d'organiser avant la fin de l'année, à Tripoli, une nouvelle conférence ministérielle euro-africaine, cette fois-ci avec l'Algérie qui a boycotté la conférence de Rabat.
Monde", 12 juillet 2006
Les pays africains acceptent de s'impliquer dans le contrôle des flux migratoires illégaux
RABAT ENVOYÉ SPÉCIALExiste-t-il un "esprit de Rabat", mélange d'oecuménisme et de volontariat, comme l'a suggéré le ministre espagnol des affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, lundi 10 juillet, peu après l'ouverture dans la capitale marocaine de la conférence ministérielle euro-africaine sur "la migration et le développement" ? C'est sans doute aller un peu vite mais, pour l'Espagne, marraine de la rencontre, comme pour la France, l'objectif est atteint. La trentaine de pays d'Afrique centrale et de l'Ouest présents à Rabat a accepté - au moins sur le papier - de s'impliquer sans tarder dans la lutte contre les flux de migrants illégaux.Le texte de la déclaration politique clôturant, mardi, la réunion précise ainsi que "la réadmission des migrants en situation irrégulière" fait partie des thèmes du "nouveau partenariat" entre l'Europe et l'Afrique. Le plan d'action qui l'accompagne prévoit la "mise en place (de) systèmes efficaces de réadmission (des clandestins) entre (tous) les pays concernés (...) ; le renforcement de la capacité de contrôle des frontières nationales (et une) coopération opérationnelle policière et judiciaire".Pour n'être pas accusés de privilégier le volet sécuritaire sur toute autre considération, les pays européens ont pris soin d'élargir la conférence aux questions de développement. Le plan d'action met ainsi l'accent sur la "promotion du développement" et comporte aussi des engagements destinés à faciliter l'émigration légale.Présent à Rabat, le ministre français de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, en a profité pour défendre son projet d'"immigration choisie" fondé sur "un accord de volonté" entre les pays de départ et d'arrivée. Soulignant que "l'immigration zéro est un mythe dangereux", il a simultanément rejeté l'idée "d'une immigration sans limite".Un bilan du partenariat ébauché à Rabat sera fait "au plus tard dans quatre ans". Avant cela, une conférence intitulée "Migration et développement" pourrait avoir lieu à Tripoli. Organisée sous l'égide de l'Union africaine, elle abordera la question des migrations en provenance des pays d'Afrique de l'Est, oubliés à Rabat.Jean-Pierre Tuquoi
Les pays africains acceptent de s'impliquer dans le contrôle des flux migratoires illégaux
RABAT ENVOYÉ SPÉCIALExiste-t-il un "esprit de Rabat", mélange d'oecuménisme et de volontariat, comme l'a suggéré le ministre espagnol des affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, lundi 10 juillet, peu après l'ouverture dans la capitale marocaine de la conférence ministérielle euro-africaine sur "la migration et le développement" ? C'est sans doute aller un peu vite mais, pour l'Espagne, marraine de la rencontre, comme pour la France, l'objectif est atteint. La trentaine de pays d'Afrique centrale et de l'Ouest présents à Rabat a accepté - au moins sur le papier - de s'impliquer sans tarder dans la lutte contre les flux de migrants illégaux.Le texte de la déclaration politique clôturant, mardi, la réunion précise ainsi que "la réadmission des migrants en situation irrégulière" fait partie des thèmes du "nouveau partenariat" entre l'Europe et l'Afrique. Le plan d'action qui l'accompagne prévoit la "mise en place (de) systèmes efficaces de réadmission (des clandestins) entre (tous) les pays concernés (...) ; le renforcement de la capacité de contrôle des frontières nationales (et une) coopération opérationnelle policière et judiciaire".Pour n'être pas accusés de privilégier le volet sécuritaire sur toute autre considération, les pays européens ont pris soin d'élargir la conférence aux questions de développement. Le plan d'action met ainsi l'accent sur la "promotion du développement" et comporte aussi des engagements destinés à faciliter l'émigration légale.Présent à Rabat, le ministre français de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, en a profité pour défendre son projet d'"immigration choisie" fondé sur "un accord de volonté" entre les pays de départ et d'arrivée. Soulignant que "l'immigration zéro est un mythe dangereux", il a simultanément rejeté l'idée "d'une immigration sans limite".Un bilan du partenariat ébauché à Rabat sera fait "au plus tard dans quatre ans". Avant cela, une conférence intitulée "Migration et développement" pourrait avoir lieu à Tripoli. Organisée sous l'égide de l'Union africaine, elle abordera la question des migrations en provenance des pays d'Afrique de l'Est, oubliés à Rabat.Jean-Pierre Tuquoi
"le Monde", 12 juillet 2006
Istanbul, nouvelle route des clandestins africains vers l'Europe
ISTANBUL CORRESPONDANCEAlassane, Innocent, Blaise ("chef du village"), Bakary et les autres sont entassés autour du téléviseur fatigué qui trône au milieu de la pièce, hypnotisés par un match de football espagnol. Un gros rat mort, jeté par la porte entrebâillée, atterrit à leurs pieds. Ils sursautent à peine. "Ce sont les enfants du quartier qui s'amusent. D'habitude, on reçoit des pierres", sourit Alassane en balayant le cadavre du rongeur. Ils sont dix jeunes Africains, venus de Côte d'Ivoire, du Cameroun, de Guinée ou du Sénégal, âgés de 20 à 35 ans, à habiter ce réduit sordide d'à peine 15 m2. Une cave sans fenêtre, humide, que le propriétaire, un marchand ambulant de moules, loue à prix d'or.Dans les ruelles défoncées du quartier de Tarlabasi, un ghetto en plein coeur d'Istanbul, vivent pêle-mêle des familles de réfugiés kurdes, des travestis prostitués, des adolescents dealers d'héroïne et des clandestins africains, parias parmi les parias. Comme ces dix "aventuriers", ils sont 3 000 à 5 000 migrants, venus de toute l'Afrique, échoués à Istanbul dans l'attente d'un hypothétique passage vers l'espace Schengen. La Grèce est à deux heures à peine. "On m'a trompé, tempête Bakary. On m'avait dit qu'en arrivant ici, je n'avais qu'à prendre un métro pour être en France ou en Italie."Dans les pays subsahariens, les passeurs ont mis la Turquie au goût du jour. Le visa est moins cher et plus facile à obtenir que le sésame pour l'Europe. La plupart arrivent en avion. "Les anciens passages par le Maroc ou la Mauritanie ont été découverts et il y a trop de contrôles, note Alassane. Ici, c'est une route qui s'ouvre."L'histoire de cet Ivoirien de 29 ans, père de trois enfants, est celle de millions d'Africains. "Mon père s'est sacrifié pour ses 17 enfants et il m'a dit : "Tu es l'aîné, il faut te battre." Pour moi, l'école s'est arrêtée au CM2. Après, j'ai été cireur et chauffeur de minibus à Abidjan. Je suis finalement parti le 6 novembre 2004, grâce à Dieu."Une fois à Istanbul, les clandestins doivent encore franchir une frontière. Beaucoup optent pour la traversée par la mer : la côte égéenne n'est qu'à quelques encablures d'une multitude d'îlots grecs (Chios, Samos, Lesbos) accessibles d'un coup de bateau à moteur. Dès le printemps, les convois s'organisent, mais les naufrages sont fréquents. D'autres choisissent de passer par la frontière terrestre. Pour atteindre la Grèce, il faut d'abord franchir le fleuve Evros et les champs de mines antipersonnel, semées après l'invasion turque du nord de Chypre, en 1974. "Avec la traversée, tu passes ou tu meurs. Tandis qu'avec la "marche", tu te fais souvent refouler par les policiers grecs", précise Blaise. Ce Burkinabé à la voix douce a tenté sept fois de passer de l'autre côté, sans succès. "Maintenant, je reste ici et je vais essayer de m'en sortir", dit-il.DU RÊVE AU CAUCHEMARDans la cave de Tarlabasi, le "chef du village" et Marc se lèvent aux aurores chaque matin et enfilent un bleu de travail. Sur les chantiers de construction des hôtels ou des immeubles de standing, ils sont employés comme bêtes de somme pour 4 à 8 euros par jour. "On porte des sacs de ciment sur plusieurs étages. On appelle ça le çabuk-çabuk (vite-vite) parce que les Turcs nous hurlent dessus "çabuk ! çabuk !"." Certains sont tentés par l'argent "facile" : drogue, prostitution et réseaux de passeurs offrent des réussites moins avouables. "Chez nous, c'est la souffrance qui est une honte, souligne Innocent, le Camerounais : les Africains mentent à leurs familles, et ça entretient le rêve."Le rêve a tourné au cauchemar pour Innocent le jour où, pris dans une dispute de voisinage, il a été arrêté, contrôlé et envoyé au centre de rétention d'Aksaray, situé sous le siège de la police d'Istanbul. "On était 200, entassés dans une salle prévue pour 50, dans des conditions terribles. J'y ai passé un mois", susurre le jeune Camerounais en plissant le front. Certains y passent six ou dix mois. "Les raisons de l'enfermement ne sont jamais spécifiées. Il n'y a aucune base légale sur la question en Turquie", dit Isabelle Caillol, du Programme d'aide juridique aux réfugiés (RLAP), qui assiste les demandeurs d'asile.Coincés à Istanbul, les clandestins ne songent qu'à s'en échapper pour gagner une Union européenne qui presse la Turquie de réagir. Bruxelles voudrait voir Ankara signer un accord de réadmission des clandestins, de plus en plus nombreux à emprunter cette route. Chinois, Afghans, Iraniens ou Africains, ils sont plusieurs dizaines de milliers à transiter par le sol turc. Selon la police, 56 000 migrants illégaux ont été arrêtés en 2003. L'Office des migrations internationales avance, lui, le chiffre de 300 000 entrées clandestines par an. "Mais c'est sans doute plus", estime Isabelle Caillol.En Turquie, seuls les Européens peuvent prétendre à l'asile politique. La plupart des Africains n'en font même pas la demande. "L'asile ne considère pas la pauvreté, lance Innocent : pourtant, elle tue plus que la guerre."Guillaume Perrier
Istanbul, nouvelle route des clandestins africains vers l'Europe
ISTANBUL CORRESPONDANCEAlassane, Innocent, Blaise ("chef du village"), Bakary et les autres sont entassés autour du téléviseur fatigué qui trône au milieu de la pièce, hypnotisés par un match de football espagnol. Un gros rat mort, jeté par la porte entrebâillée, atterrit à leurs pieds. Ils sursautent à peine. "Ce sont les enfants du quartier qui s'amusent. D'habitude, on reçoit des pierres", sourit Alassane en balayant le cadavre du rongeur. Ils sont dix jeunes Africains, venus de Côte d'Ivoire, du Cameroun, de Guinée ou du Sénégal, âgés de 20 à 35 ans, à habiter ce réduit sordide d'à peine 15 m2. Une cave sans fenêtre, humide, que le propriétaire, un marchand ambulant de moules, loue à prix d'or.Dans les ruelles défoncées du quartier de Tarlabasi, un ghetto en plein coeur d'Istanbul, vivent pêle-mêle des familles de réfugiés kurdes, des travestis prostitués, des adolescents dealers d'héroïne et des clandestins africains, parias parmi les parias. Comme ces dix "aventuriers", ils sont 3 000 à 5 000 migrants, venus de toute l'Afrique, échoués à Istanbul dans l'attente d'un hypothétique passage vers l'espace Schengen. La Grèce est à deux heures à peine. "On m'a trompé, tempête Bakary. On m'avait dit qu'en arrivant ici, je n'avais qu'à prendre un métro pour être en France ou en Italie."Dans les pays subsahariens, les passeurs ont mis la Turquie au goût du jour. Le visa est moins cher et plus facile à obtenir que le sésame pour l'Europe. La plupart arrivent en avion. "Les anciens passages par le Maroc ou la Mauritanie ont été découverts et il y a trop de contrôles, note Alassane. Ici, c'est une route qui s'ouvre."L'histoire de cet Ivoirien de 29 ans, père de trois enfants, est celle de millions d'Africains. "Mon père s'est sacrifié pour ses 17 enfants et il m'a dit : "Tu es l'aîné, il faut te battre." Pour moi, l'école s'est arrêtée au CM2. Après, j'ai été cireur et chauffeur de minibus à Abidjan. Je suis finalement parti le 6 novembre 2004, grâce à Dieu."Une fois à Istanbul, les clandestins doivent encore franchir une frontière. Beaucoup optent pour la traversée par la mer : la côte égéenne n'est qu'à quelques encablures d'une multitude d'îlots grecs (Chios, Samos, Lesbos) accessibles d'un coup de bateau à moteur. Dès le printemps, les convois s'organisent, mais les naufrages sont fréquents. D'autres choisissent de passer par la frontière terrestre. Pour atteindre la Grèce, il faut d'abord franchir le fleuve Evros et les champs de mines antipersonnel, semées après l'invasion turque du nord de Chypre, en 1974. "Avec la traversée, tu passes ou tu meurs. Tandis qu'avec la "marche", tu te fais souvent refouler par les policiers grecs", précise Blaise. Ce Burkinabé à la voix douce a tenté sept fois de passer de l'autre côté, sans succès. "Maintenant, je reste ici et je vais essayer de m'en sortir", dit-il.DU RÊVE AU CAUCHEMARDans la cave de Tarlabasi, le "chef du village" et Marc se lèvent aux aurores chaque matin et enfilent un bleu de travail. Sur les chantiers de construction des hôtels ou des immeubles de standing, ils sont employés comme bêtes de somme pour 4 à 8 euros par jour. "On porte des sacs de ciment sur plusieurs étages. On appelle ça le çabuk-çabuk (vite-vite) parce que les Turcs nous hurlent dessus "çabuk ! çabuk !"." Certains sont tentés par l'argent "facile" : drogue, prostitution et réseaux de passeurs offrent des réussites moins avouables. "Chez nous, c'est la souffrance qui est une honte, souligne Innocent, le Camerounais : les Africains mentent à leurs familles, et ça entretient le rêve."Le rêve a tourné au cauchemar pour Innocent le jour où, pris dans une dispute de voisinage, il a été arrêté, contrôlé et envoyé au centre de rétention d'Aksaray, situé sous le siège de la police d'Istanbul. "On était 200, entassés dans une salle prévue pour 50, dans des conditions terribles. J'y ai passé un mois", susurre le jeune Camerounais en plissant le front. Certains y passent six ou dix mois. "Les raisons de l'enfermement ne sont jamais spécifiées. Il n'y a aucune base légale sur la question en Turquie", dit Isabelle Caillol, du Programme d'aide juridique aux réfugiés (RLAP), qui assiste les demandeurs d'asile.Coincés à Istanbul, les clandestins ne songent qu'à s'en échapper pour gagner une Union européenne qui presse la Turquie de réagir. Bruxelles voudrait voir Ankara signer un accord de réadmission des clandestins, de plus en plus nombreux à emprunter cette route. Chinois, Afghans, Iraniens ou Africains, ils sont plusieurs dizaines de milliers à transiter par le sol turc. Selon la police, 56 000 migrants illégaux ont été arrêtés en 2003. L'Office des migrations internationales avance, lui, le chiffre de 300 000 entrées clandestines par an. "Mais c'est sans doute plus", estime Isabelle Caillol.En Turquie, seuls les Européens peuvent prétendre à l'asile politique. La plupart des Africains n'en font même pas la demande. "L'asile ne considère pas la pauvreté, lance Innocent : pourtant, elle tue plus que la guerre."Guillaume Perrier
"Libération", 11 juillet 2006
L'Europe enrôle l'Afrique dans sa lutte anticlandestins
A Rabat, une conférence inédite rassemble 57 pays pour organiser les flux migratoirespar Jean-Pierre PerrinRabat envoyé spécialSeptembre-octobre 2005, des centaines de clandestins se jettent sur les grillages frontières des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Terrible bilan : 11 morts. «Un choc pour les consciences européennes», selon l'expression d'un diplomate français, et l'accélération d'un processus né d'une idée déjà ancienne : le phénomène migratoire, particulièrement le flux des clandestins, doit être traité de façon globale. C'est-à-dire par les pays d'origine, de transit et de destination. Préparée par le Maroc, l'Espagne et la France, débattue et bien accueillie en juin à Dakar par les délégations d'une soixantaine de pays européens et africains, cette nouvelle approche des migrations a été mise en orbite hier à Rabat lors d'une conférence ministérielle euro-africaine.« Modèle équilibré ». «Une rencontre historique», selon l'expression du ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy, coprésident de la conférence, où la France était également représentée par Nicolas Sarkozy, la ministre déléguée à la Coopération Brigitte Girardin et la ministre déléguée aux Affaires européennes Catherine Colonna. Soit pas moins de quatre ministres. C'est dire si, pour Paris, «l'esprit de Rabat» souffle dans le bon sens. Pareil pour Madrid, dont le chef de la diplomatie Miguel Angel Moratinos a salué cette initiative comme étant «la base d'un authentique partenariat» entre l'Europe et l'Afrique visant à établir un «modèle équilibré d'immigration, dans l'intérêt de tous» . Un partenariat qui a l'ambition de conjuguer mesures de lutte contre l'immigration illégale, aide aux pays africains visant à en couper les racines socio-économiques et un meilleur accueil aux émigrants légaux.Pour les organisateurs, en effet, la conférence n'a pas uniquement vocation d'organiser la lutte contre les clandestins et la réadmission des immigrés n'ayant pas ou plus le droit de séjourner dans un pays. «Cette réunion ne procède pas d'une démarche sécuritaire. On ne construit pas un partenariat sur cela. Et je ne vois pas le Maroc et les pays africains s'engager dans une politique sécuritaire», souligne une source diplomatique française. D'où la mise en place d'un plan d'action aux contours assez flous, visant à favoriser le développement des pays de départ. Paris, en plus, est venu avec «dix-huit propositions concrètes», comme la création d'un Observatoire euro-africain des migrations, afin d'analyser précisément le phénomène migratoire, et un projet de canalisation des transferts d'épargne, pour qu'ils profitent aux pays d'origine.Très attendu par les participants, Nicolas Sarkozy a rappelé que Paris entendait relancer une politique d'immigration du travail «organisée, régulée, maîtrisée dans le cadre d'une concertation d'Etat et Etat» . «L'immigration zéro est un mythe dangereux [...]. J'ai la conviction profonde que l'immigration africaine, sous certaines conditions, peut être une chance aussi bien pour l'Europe que pour l'Afrique», a-t-il ajouté. Fort bien, mais à condition que cette immigration légale «ne fraye pas le chemin à une fuite catastrophique des cerveaux», a semblé lui répondre le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheick Tidiane Gadio, en se faisant l'écho des vives inquiétudes exprimées par l'Union africaine. Le plaidoyer sécuritaire n'était d'ailleurs pas le seul fait des pays européens. Le même ministre a ainsi demandé une «logistique d'envergure» pour «contrôler et surveiller» des côtes d'où partent les clandestins et «lutter farouchement contre les vendeurs d'illusions et les réseaux mafieux qui incitent les jeunes à tenter l'aventure» .Sans l'Algérie. Au total, 30 pays européens et 27 africains participent à la conférence qui, aujourd'hui, doit adopter un «plan d'action et une déclaration politique» . Avec un absent de taille : l'Algérie. «Tout a été fait pour que ce pays participe, d'autant qu'il constitue une grande plate-forme migratoire. 90 % des clandestins cherchant à entrer en Europe par le nord vienne de ce pays», nous a indiqué Khalid Zerouali, directeur marocain de l'émigration. La presse marocaine, elle, parle ouvertement de «sabotage» de la part d'Alger. Avant même qu'elle ne débute, la conférence de Rabat a été critiquée par plusieurs ONG. Amnesty International a considéré que pour atteindre son but autoproclamé, elle se devait d'aller au-delà de la rhétorique et de s'attaquer aux causes qui incitent des personnes à fuir plutôt que de se préoccuper uniquement des moyens de les empêcher d'entrer en Europe.
L'Europe enrôle l'Afrique dans sa lutte anticlandestins
A Rabat, une conférence inédite rassemble 57 pays pour organiser les flux migratoirespar Jean-Pierre PerrinRabat envoyé spécialSeptembre-octobre 2005, des centaines de clandestins se jettent sur les grillages frontières des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Terrible bilan : 11 morts. «Un choc pour les consciences européennes», selon l'expression d'un diplomate français, et l'accélération d'un processus né d'une idée déjà ancienne : le phénomène migratoire, particulièrement le flux des clandestins, doit être traité de façon globale. C'est-à-dire par les pays d'origine, de transit et de destination. Préparée par le Maroc, l'Espagne et la France, débattue et bien accueillie en juin à Dakar par les délégations d'une soixantaine de pays européens et africains, cette nouvelle approche des migrations a été mise en orbite hier à Rabat lors d'une conférence ministérielle euro-africaine.« Modèle équilibré ». «Une rencontre historique», selon l'expression du ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy, coprésident de la conférence, où la France était également représentée par Nicolas Sarkozy, la ministre déléguée à la Coopération Brigitte Girardin et la ministre déléguée aux Affaires européennes Catherine Colonna. Soit pas moins de quatre ministres. C'est dire si, pour Paris, «l'esprit de Rabat» souffle dans le bon sens. Pareil pour Madrid, dont le chef de la diplomatie Miguel Angel Moratinos a salué cette initiative comme étant «la base d'un authentique partenariat» entre l'Europe et l'Afrique visant à établir un «modèle équilibré d'immigration, dans l'intérêt de tous» . Un partenariat qui a l'ambition de conjuguer mesures de lutte contre l'immigration illégale, aide aux pays africains visant à en couper les racines socio-économiques et un meilleur accueil aux émigrants légaux.Pour les organisateurs, en effet, la conférence n'a pas uniquement vocation d'organiser la lutte contre les clandestins et la réadmission des immigrés n'ayant pas ou plus le droit de séjourner dans un pays. «Cette réunion ne procède pas d'une démarche sécuritaire. On ne construit pas un partenariat sur cela. Et je ne vois pas le Maroc et les pays africains s'engager dans une politique sécuritaire», souligne une source diplomatique française. D'où la mise en place d'un plan d'action aux contours assez flous, visant à favoriser le développement des pays de départ. Paris, en plus, est venu avec «dix-huit propositions concrètes», comme la création d'un Observatoire euro-africain des migrations, afin d'analyser précisément le phénomène migratoire, et un projet de canalisation des transferts d'épargne, pour qu'ils profitent aux pays d'origine.Très attendu par les participants, Nicolas Sarkozy a rappelé que Paris entendait relancer une politique d'immigration du travail «organisée, régulée, maîtrisée dans le cadre d'une concertation d'Etat et Etat» . «L'immigration zéro est un mythe dangereux [...]. J'ai la conviction profonde que l'immigration africaine, sous certaines conditions, peut être une chance aussi bien pour l'Europe que pour l'Afrique», a-t-il ajouté. Fort bien, mais à condition que cette immigration légale «ne fraye pas le chemin à une fuite catastrophique des cerveaux», a semblé lui répondre le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheick Tidiane Gadio, en se faisant l'écho des vives inquiétudes exprimées par l'Union africaine. Le plaidoyer sécuritaire n'était d'ailleurs pas le seul fait des pays européens. Le même ministre a ainsi demandé une «logistique d'envergure» pour «contrôler et surveiller» des côtes d'où partent les clandestins et «lutter farouchement contre les vendeurs d'illusions et les réseaux mafieux qui incitent les jeunes à tenter l'aventure» .Sans l'Algérie. Au total, 30 pays européens et 27 africains participent à la conférence qui, aujourd'hui, doit adopter un «plan d'action et une déclaration politique» . Avec un absent de taille : l'Algérie. «Tout a été fait pour que ce pays participe, d'autant qu'il constitue une grande plate-forme migratoire. 90 % des clandestins cherchant à entrer en Europe par le nord vienne de ce pays», nous a indiqué Khalid Zerouali, directeur marocain de l'émigration. La presse marocaine, elle, parle ouvertement de «sabotage» de la part d'Alger. Avant même qu'elle ne débute, la conférence de Rabat a été critiquée par plusieurs ONG. Amnesty International a considéré que pour atteindre son but autoproclamé, elle se devait d'aller au-delà de la rhétorique et de s'attaquer aux causes qui incitent des personnes à fuir plutôt que de se préoccuper uniquement des moyens de les empêcher d'entrer en Europe.
"le Soleil" (Dakar), 11 juillet 2006
CHEIKH TIDIANE GADIO EXPOSE L’APPROCHE DU SÉNÉGAL À LA CONFÉRENCE DE RABAT : « Le développement est le principal facteur de stabilisation des flux migratoires »
Une tragédie humaine qui se joue sous nos yeux. Une mauvaise pellicule que le Sénégal invite à enrayer dans le cadre multilatéral de renforcement de la coopération économique, politique, diplomatique, sociale, humanitaire et sécuritaire. Cette stratégie complète les efforts réalisés à l’interne à l’instar du Sénégal avec l’agriculture, la micro-finance, les petites et moyennes entreprises, etc. Chef de la délégation sénégalaise, le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, prônant le temps de l’action, a invité, hier à Rabat, les participants à la réunion ministérielle sur les migrations et le développement à « remiser au vestiaire les belles convenances diplomatiques ».RABAT (MAROC) - Un détour par Rabat pour dénouer « l’une des équations majeures des relations internationales en général, et eurafricaines en particulier ». Un détour, avec, bien en évidence, l’hommage à Sa Majesté le Roi Mohamed VI (pour « le courage, la vision et la capacité d’anticipation » dont il a fait montre) et au président de la République, Me Abdoulaye Wade (« il a pris la juste mesure du très complexe phénomène migratoire dans ses multiples dimensions historique, sociale, économique, politique, humanitaire et sécuritaire »). L’Espagne, pour « son approche originale » et la France, « terre éternelle d’expérimentation, de débats d’idées et d’initiatives de promotion des droits humains », co-parrains du sommet de Rabat, ont eu droit aux félicitations du Sénégal. Chef d’une délégation comprenant, outre lui, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Ousmane Ngom, et celui du Plan et du Développement durable, Mamadou Sidibé, Cheikh Tidiane Gadio s’est félicité de la « forte mobilisation des nombreux pays (une soixantaine) et organisations internationales (une dizaine) ». Puis, empruntant au sport son registre langagier, le chef de la diplomatie sénégalaise invite les participants à « remiser aux vestiaires les belles convenances diplomatiques, les esquives politiques et la langue de bois intellectuelle pour enfin oser prendre le taureau par les cornes. » Le challenge n’est pas l’affaire de solistes, engagés dans un slalom diplomatique sans issue. Il est l’affaire de tous les partenaires ! « La réponse au phénomène migratoire contemporain, vous en conviendrez, ne peut être uniquement sécuritaire et répressive. Elle doit être collective, multilatérale et trans-régionale ; elle doit être politique, diplomatique, économique, sociale, humanitaire, en plus d’être sécuritaire. En un mot, elle doit être concertée, multidimensionnelle et surtout humaine », souligne le Dr Gadio.Problématique du progrès économiquePhénomène comparable à la mondialisation dans sa capacité à générer des opportunités, des défis en même temps que des menaces d’exclusion et d’incompréhensions, la migration est fortement liée à la problématique du progrès économique, selon le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères. « Nous sommes conscients que le développement est le principal facteur de stabilisation des flux migratoires et notre préoccupation majeure est de trouver les moyens d’assurer durablement le développement de notre continent si riche, mais appauvri par tant de siècles d’esclavage et de colonisation. Mais un continent qui a décidé de prendre son destin en main en construisant les États-Unis d’Afrique », explique M. Gadio. Esclavage et migration, le parallélisme n’est pas que dans les mots. Il est aussi dans le souvenir des déportations pour faire verdir les plantations d’Amérique. « C’est avec une mémoire douloureuse de l’esclavage et de la déportation de millions d’Africains dans les cales insalubres et meurtrières de la traite négrière que nos pays assistent, parfois impuissants, aux images de la nouvelle tragédie de la traversée de l’Atlantique par nos jeunes, notre force vive, dans des embarcations de fortune. Saurons-nous jamais la vérité sur le sort fait aux Africains à l’époque et sur le destin cruel de ces milliers de jeunes africains qui reposent, momifiés, dans le désert ou annihilés dans les profondeurs de l’immensité océane ? », regrette le chef de la délégation sénégalaise.Initiatives sénégalaises face à la tragédieCheikh Tidiane Gadio en appelle donc à « une lutte sans merci contre les négriers du 21e siècle » conformément à l’option du président de la République pour une « tolérance-zéro contre la migration illégale ». Le ministre d’État souhaite une reconsidération de la problématique du développement durable des pays du Sud sous le prisme de la circulation des personnes dans un monde globalisé, au même titre que la circulation des biens et services, y compris celle des capitaux. Il entrevoit cette conférence comme une occasion « de renforcer ou de lancer, sur le sol africain, de vastes programmes de développement économique susceptibles de « fixer » les populations dans leurs terroirs, d’élargir les bases infrastructurelles du continent, d’y accroître les investissements directs étrangers et la formation ». De telles initiatives sont la parade contre la tragédie humaine qui se joue actuellement. Déjà, le Sénégal s’est attelé à la recherche de solutions, à travers le projet Reva (Retour des jeunes vers l’agriculture), la micro-finance, les fonds de promotion des jeunes et des femmes, les agences de développement des petites et moyennes entreprises, l’encadrement et le financement des fermes agricoles pilotes, les unités de pêche artisanale. L’énumération faite par le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères justifie l’appel en faveur d’un « renforcement significatif des instruments financiers existant et leur adaptation aux réalités actuelles par la mise en place de mécanismes plus souples et innovants ».La lutte contre la migration légale pose le problème de la migration légale, aux yeux du ministre d’État, ministre des Affaires étrangères. « Ma conviction personnelle est qu’une migration légale davantage facilitée contribuerait de façon significative à stabiliser les flux migratoires, tant l’effet psychologique qu’il produirait sur les candidats potentiels serait grand. Par contre, l’impression de ne pas avoir la possibilité de visiter les autres pays du monde, pour y mener des activités professionnelles normales ou pour découvrir les autres peuples et s’ouvrir à leurs cultures et civilisations, peut conduire les individus à des comportements regrettables », estime Cheikh Tidiane Gadio. « Les cadres professionnels de tous horizons ainsi que les étudiants ont besoin de séjourner temporairement dans les pays développés pour s’imprégner des innovations organisationnelles et technologiques qui sont les nouveaux moteurs de la croissance économique.Conquérir de nouveaux marchés et attier les investisseursLes hommes d’affaires du Sud, en particulier, doivent aller à la rencontre de nouveaux partenaires pour attirer chez nous des investisseurs, conquérir de nouveaux marchés et trouver des débouchés à nos produits », préconise le ministre. Le refus systématique du visa, selon lui, « est une incitation, peut-être involontaire, à l’exploration des solutions de désespoir ». Cet avis ne remet pas en question la souveraineté des pays d’accueil. Il tient compte, selon le ministre d’État, de « leur capacité d’absorption des migrants » et « des engagements du partenariat ». L’amélioration des conditions de circulation des personnes ne doit pas faire perdre à l’Afrique l’essentiel de ses ressources humaines de qualité. « Il reste entendu, souligne M. Gadio, que l’organisation de la migration légale ne doit pas frayer le chemin à la fuite des cerveaux. Bien au contraire, elle doit être l’occasion pour les parties concernées d’inciter les ressources humaines des pays du Sud à retourner chez elles pour contribuer davantage au développement économique et social de leurs communautés et États. »HABIB DEMBA FALL ( envoyé spécial à Rabat )www.lesoleil.sn/article.php3?id_article=13804AFP 12 juillet 2006
La réunion de Rabat donne de l'oxygène à l'Espagne et au Maroc
par Pierre AusseillRABAT (AFP) - En consacrant une approche euro-africaine des défis de l'immigration, la Conférence de Rabat a offert une bouée d'oxygène politique à l'Espagne et au Maroc, délicatement empêtrés l'automne dernier dans la crise des enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta."C'est un grand succès, la conférence a atteint tous ses objectifs", se félicitait mardi le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, Taieb Fassi Fihri, juste après l'adoption par les ministres des 57 pays euro-africains représentés d'un "partenariat étroit" et "global".Le Commissaire européen à la Justice, Franco Frattini, relevait lui-même à la fin de conférence, qu'"il y a encore quelques mois, il n'y avait pas encore de consensus en Europe sur la nécessité d'une stratégie migratoire commune".Il aura fallu un électrochoc pour qu'émerge cette prise de conscience: la mort en octobre 2005 de 14 émigrants subsahariens, certains tués par balles, au cours d'assauts désespérés contre une forteresse Europe bouclée par les grillages-frontières de Ceuta et Melilla, au nord du Maroc.Pressé par Madrid de réagir, le Maroc avait employé la manière forte, ses forces de sécurité dispersant des centaines de candidats à l'Eldorado européen aux confins du désert.Alors vertement critiqués pour leur gestion chaotique, Madrid et Rabat avaient lancé un S.O.S en appelant dès octobre à la tenue d'une conférence euro-africaine sur la question.Les deux pays voisins ont patiemment plaidé qu'ils n'étaient que les sas d'accès nord et sud à l'Europe d'une jeunesse subsaharienne fuyant le désespoir de pays rongés par la pauvreté, la sécheresse, les guerres, la corruption.Le Maroc et le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero ont su aussi tirer profit de leurs excellentes relations avec la France pour la persuader d'user de son influence auprès de ses partenaires européens et d'anciennes colonies africaines, dont Paris reste de loin le premier bailleur de fonds, d'adhérer au processus de Rabat.Ce n'est certes pas l'engagement, encore tout théorique, des 57 pays présents à Rabat de répondre ensemble au défi des flux migratoires, en dosant la carotte développement et le bâton sécuritaire, qui règlera la question.Pour le Maroc et l'Espagne, que la géographie a situés sur la ligne de faille des continents le plus pauvre et le plus riche du monde, la Conférence a ouvert un large parapluie qui renvoie tous les acteurs à leurs responsabilités.Mais, dans les faits, l'Espagne aura paradoxalement tiré plus de fruits en quelques mois de ses efforts bilatéraux qu'elle ne peut en espérer dans un avenir proche de la mise en oeuvre du "Plan d'action" adopté à Rabat.Sur l'insistance de Madrid, le Maroc a pris le taureau par les cornes et réduit en 2006 le flux migratoire vers l'Europe de 65%.La quasi-absence d'incidents à Melilla et Ceuta ces derniers mois et le report de la pression migratoire à partir de la Mauritanie et du Sénégal vers l'archipel des Canaries en sont l'éloquente illustration."Ce sont souvent les pays qui coopèrent le plus auxquels on demande toujours de plus coopérer", commentait un haut diplomate espagnol avant la conférence de Rabat pour justifier l'urgence d'impliquer tous les pays impliqués.Madrid a instauré récemment des patrouilles mixtes avec la Mauritanie pour surveiller les départ de ses côtes des "cayucos" des émigrants et lancé une amicale mais intense offensive diplomatique auprès du Sénégal.L'Espagne espère ainsi repousser toujours plus au sud le point de départ des émigrants jusqu'à finalement décourager les mafias de passeurs d'entreprendre une odyssée toujours plus longue et aléatoire.C'est tout bénéfice pour le Maroc, traditionnel pays d'immigration, mais de moins en moins de transit dans les faits.
CHEIKH TIDIANE GADIO EXPOSE L’APPROCHE DU SÉNÉGAL À LA CONFÉRENCE DE RABAT : « Le développement est le principal facteur de stabilisation des flux migratoires »
Une tragédie humaine qui se joue sous nos yeux. Une mauvaise pellicule que le Sénégal invite à enrayer dans le cadre multilatéral de renforcement de la coopération économique, politique, diplomatique, sociale, humanitaire et sécuritaire. Cette stratégie complète les efforts réalisés à l’interne à l’instar du Sénégal avec l’agriculture, la micro-finance, les petites et moyennes entreprises, etc. Chef de la délégation sénégalaise, le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, prônant le temps de l’action, a invité, hier à Rabat, les participants à la réunion ministérielle sur les migrations et le développement à « remiser au vestiaire les belles convenances diplomatiques ».RABAT (MAROC) - Un détour par Rabat pour dénouer « l’une des équations majeures des relations internationales en général, et eurafricaines en particulier ». Un détour, avec, bien en évidence, l’hommage à Sa Majesté le Roi Mohamed VI (pour « le courage, la vision et la capacité d’anticipation » dont il a fait montre) et au président de la République, Me Abdoulaye Wade (« il a pris la juste mesure du très complexe phénomène migratoire dans ses multiples dimensions historique, sociale, économique, politique, humanitaire et sécuritaire »). L’Espagne, pour « son approche originale » et la France, « terre éternelle d’expérimentation, de débats d’idées et d’initiatives de promotion des droits humains », co-parrains du sommet de Rabat, ont eu droit aux félicitations du Sénégal. Chef d’une délégation comprenant, outre lui, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Ousmane Ngom, et celui du Plan et du Développement durable, Mamadou Sidibé, Cheikh Tidiane Gadio s’est félicité de la « forte mobilisation des nombreux pays (une soixantaine) et organisations internationales (une dizaine) ». Puis, empruntant au sport son registre langagier, le chef de la diplomatie sénégalaise invite les participants à « remiser aux vestiaires les belles convenances diplomatiques, les esquives politiques et la langue de bois intellectuelle pour enfin oser prendre le taureau par les cornes. » Le challenge n’est pas l’affaire de solistes, engagés dans un slalom diplomatique sans issue. Il est l’affaire de tous les partenaires ! « La réponse au phénomène migratoire contemporain, vous en conviendrez, ne peut être uniquement sécuritaire et répressive. Elle doit être collective, multilatérale et trans-régionale ; elle doit être politique, diplomatique, économique, sociale, humanitaire, en plus d’être sécuritaire. En un mot, elle doit être concertée, multidimensionnelle et surtout humaine », souligne le Dr Gadio.Problématique du progrès économiquePhénomène comparable à la mondialisation dans sa capacité à générer des opportunités, des défis en même temps que des menaces d’exclusion et d’incompréhensions, la migration est fortement liée à la problématique du progrès économique, selon le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères. « Nous sommes conscients que le développement est le principal facteur de stabilisation des flux migratoires et notre préoccupation majeure est de trouver les moyens d’assurer durablement le développement de notre continent si riche, mais appauvri par tant de siècles d’esclavage et de colonisation. Mais un continent qui a décidé de prendre son destin en main en construisant les États-Unis d’Afrique », explique M. Gadio. Esclavage et migration, le parallélisme n’est pas que dans les mots. Il est aussi dans le souvenir des déportations pour faire verdir les plantations d’Amérique. « C’est avec une mémoire douloureuse de l’esclavage et de la déportation de millions d’Africains dans les cales insalubres et meurtrières de la traite négrière que nos pays assistent, parfois impuissants, aux images de la nouvelle tragédie de la traversée de l’Atlantique par nos jeunes, notre force vive, dans des embarcations de fortune. Saurons-nous jamais la vérité sur le sort fait aux Africains à l’époque et sur le destin cruel de ces milliers de jeunes africains qui reposent, momifiés, dans le désert ou annihilés dans les profondeurs de l’immensité océane ? », regrette le chef de la délégation sénégalaise.Initiatives sénégalaises face à la tragédieCheikh Tidiane Gadio en appelle donc à « une lutte sans merci contre les négriers du 21e siècle » conformément à l’option du président de la République pour une « tolérance-zéro contre la migration illégale ». Le ministre d’État souhaite une reconsidération de la problématique du développement durable des pays du Sud sous le prisme de la circulation des personnes dans un monde globalisé, au même titre que la circulation des biens et services, y compris celle des capitaux. Il entrevoit cette conférence comme une occasion « de renforcer ou de lancer, sur le sol africain, de vastes programmes de développement économique susceptibles de « fixer » les populations dans leurs terroirs, d’élargir les bases infrastructurelles du continent, d’y accroître les investissements directs étrangers et la formation ». De telles initiatives sont la parade contre la tragédie humaine qui se joue actuellement. Déjà, le Sénégal s’est attelé à la recherche de solutions, à travers le projet Reva (Retour des jeunes vers l’agriculture), la micro-finance, les fonds de promotion des jeunes et des femmes, les agences de développement des petites et moyennes entreprises, l’encadrement et le financement des fermes agricoles pilotes, les unités de pêche artisanale. L’énumération faite par le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères justifie l’appel en faveur d’un « renforcement significatif des instruments financiers existant et leur adaptation aux réalités actuelles par la mise en place de mécanismes plus souples et innovants ».La lutte contre la migration légale pose le problème de la migration légale, aux yeux du ministre d’État, ministre des Affaires étrangères. « Ma conviction personnelle est qu’une migration légale davantage facilitée contribuerait de façon significative à stabiliser les flux migratoires, tant l’effet psychologique qu’il produirait sur les candidats potentiels serait grand. Par contre, l’impression de ne pas avoir la possibilité de visiter les autres pays du monde, pour y mener des activités professionnelles normales ou pour découvrir les autres peuples et s’ouvrir à leurs cultures et civilisations, peut conduire les individus à des comportements regrettables », estime Cheikh Tidiane Gadio. « Les cadres professionnels de tous horizons ainsi que les étudiants ont besoin de séjourner temporairement dans les pays développés pour s’imprégner des innovations organisationnelles et technologiques qui sont les nouveaux moteurs de la croissance économique.Conquérir de nouveaux marchés et attier les investisseursLes hommes d’affaires du Sud, en particulier, doivent aller à la rencontre de nouveaux partenaires pour attirer chez nous des investisseurs, conquérir de nouveaux marchés et trouver des débouchés à nos produits », préconise le ministre. Le refus systématique du visa, selon lui, « est une incitation, peut-être involontaire, à l’exploration des solutions de désespoir ». Cet avis ne remet pas en question la souveraineté des pays d’accueil. Il tient compte, selon le ministre d’État, de « leur capacité d’absorption des migrants » et « des engagements du partenariat ». L’amélioration des conditions de circulation des personnes ne doit pas faire perdre à l’Afrique l’essentiel de ses ressources humaines de qualité. « Il reste entendu, souligne M. Gadio, que l’organisation de la migration légale ne doit pas frayer le chemin à la fuite des cerveaux. Bien au contraire, elle doit être l’occasion pour les parties concernées d’inciter les ressources humaines des pays du Sud à retourner chez elles pour contribuer davantage au développement économique et social de leurs communautés et États. »HABIB DEMBA FALL ( envoyé spécial à Rabat )www.lesoleil.sn/article.php3?id_article=13804AFP 12 juillet 2006
La réunion de Rabat donne de l'oxygène à l'Espagne et au Maroc
par Pierre AusseillRABAT (AFP) - En consacrant une approche euro-africaine des défis de l'immigration, la Conférence de Rabat a offert une bouée d'oxygène politique à l'Espagne et au Maroc, délicatement empêtrés l'automne dernier dans la crise des enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta."C'est un grand succès, la conférence a atteint tous ses objectifs", se félicitait mardi le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, Taieb Fassi Fihri, juste après l'adoption par les ministres des 57 pays euro-africains représentés d'un "partenariat étroit" et "global".Le Commissaire européen à la Justice, Franco Frattini, relevait lui-même à la fin de conférence, qu'"il y a encore quelques mois, il n'y avait pas encore de consensus en Europe sur la nécessité d'une stratégie migratoire commune".Il aura fallu un électrochoc pour qu'émerge cette prise de conscience: la mort en octobre 2005 de 14 émigrants subsahariens, certains tués par balles, au cours d'assauts désespérés contre une forteresse Europe bouclée par les grillages-frontières de Ceuta et Melilla, au nord du Maroc.Pressé par Madrid de réagir, le Maroc avait employé la manière forte, ses forces de sécurité dispersant des centaines de candidats à l'Eldorado européen aux confins du désert.Alors vertement critiqués pour leur gestion chaotique, Madrid et Rabat avaient lancé un S.O.S en appelant dès octobre à la tenue d'une conférence euro-africaine sur la question.Les deux pays voisins ont patiemment plaidé qu'ils n'étaient que les sas d'accès nord et sud à l'Europe d'une jeunesse subsaharienne fuyant le désespoir de pays rongés par la pauvreté, la sécheresse, les guerres, la corruption.Le Maroc et le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero ont su aussi tirer profit de leurs excellentes relations avec la France pour la persuader d'user de son influence auprès de ses partenaires européens et d'anciennes colonies africaines, dont Paris reste de loin le premier bailleur de fonds, d'adhérer au processus de Rabat.Ce n'est certes pas l'engagement, encore tout théorique, des 57 pays présents à Rabat de répondre ensemble au défi des flux migratoires, en dosant la carotte développement et le bâton sécuritaire, qui règlera la question.Pour le Maroc et l'Espagne, que la géographie a situés sur la ligne de faille des continents le plus pauvre et le plus riche du monde, la Conférence a ouvert un large parapluie qui renvoie tous les acteurs à leurs responsabilités.Mais, dans les faits, l'Espagne aura paradoxalement tiré plus de fruits en quelques mois de ses efforts bilatéraux qu'elle ne peut en espérer dans un avenir proche de la mise en oeuvre du "Plan d'action" adopté à Rabat.Sur l'insistance de Madrid, le Maroc a pris le taureau par les cornes et réduit en 2006 le flux migratoire vers l'Europe de 65%.La quasi-absence d'incidents à Melilla et Ceuta ces derniers mois et le report de la pression migratoire à partir de la Mauritanie et du Sénégal vers l'archipel des Canaries en sont l'éloquente illustration."Ce sont souvent les pays qui coopèrent le plus auxquels on demande toujours de plus coopérer", commentait un haut diplomate espagnol avant la conférence de Rabat pour justifier l'urgence d'impliquer tous les pays impliqués.Madrid a instauré récemment des patrouilles mixtes avec la Mauritanie pour surveiller les départ de ses côtes des "cayucos" des émigrants et lancé une amicale mais intense offensive diplomatique auprès du Sénégal.L'Espagne espère ainsi repousser toujours plus au sud le point de départ des émigrants jusqu'à finalement décourager les mafias de passeurs d'entreprendre une odyssée toujours plus longue et aléatoire.C'est tout bénéfice pour le Maroc, traditionnel pays d'immigration, mais de moins en moins de transit dans les faits.
AFP 11 juillet 2006
"Immigration choisie" : l'Afrique crie au pillage des "cerveaux"
Des responsables africains ont exprimé mardi en marge de la Conférence euro-africaine de Rabat sur l'immigration clandestine leur inquiétude sur le lancement d'une politique d'immigration "choisie" prônée la France et l'Espagne, qui accentuerait selon eux la "fuite des cerveaux".Les pays d'Afrique de l'Ouest et centrale craignent que cette inflexion de la politique européenne d'immigration ne vide leur pays des élites (cadres, médecins, ingénieurs) déjà peu nombreuses et décimées par le sida."Il est évident que ne nous ne pourrons accepter une immigration qui va prendre ce qu'il y a de meilleur chez nous et fermer les portes à tous ceux qui ont des problèmes d'emplois", a déclaré le ministre des Maliens de l'Extérieur, Oumar Dicko."Sur les 4 millions de Maliens à l'étranger, seuls 3% sont en Europe, c'est insignifiant et cette migration (vers l'Europe) doit facilement être absorbée", a ajouté M. Dicko, plaidant pour une ouverture non sélective du marché du travail européen.Le Sénégal, d'accord sur le principe d'une relance de l'immigration du travail en Europe, a aussi exprimé son inquiétude. "L'immigration légale ne doit pas frayer le chemin à une fuite catastrophique de cerveaux" vers le nord, a averti le chef de la diplomatie sénégalaise, Cheick Tidiane Gadio.Les ministres africains présents à Rabat ont semblé peu convaincus par les explications du ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, qui s'est livré lundi à une défense en règle de la nouvelle loi française sur l'immigration adoptée le 30 juin."L'expression immigration +choisie+ a été parfois mal comprise ou caricaturée. Il n'a jamais été question pour moi d'organiser une sélection unilatérale des migrants sur la base de leur diplôme", assurait M. Sarkozy."L'immigration, dans mon esprit, doit être choisie par le pays de destination comme par le pays d'origine. Elle doit résulter d'un accord de volonté entre le pays de départ et le pays d'arrivée", avait ajouté M. Sarkozy, deux mois après deux visites empoisonnées par ce thème au Mali et au Bénin.M. Sarkozy répondait indirectement à Rabat au président sénégalais Abdoulaye Wade, premier à s'être opposé à la loi française de l'immigration "choisie" plutôt que "subie", qui durcit les conditions d'entrée et de séjour en France."Ce n'est pas honnête de dire immigration choisie ou pas choisie (...) Ils vont choisir des cadres formés, c'est-à-dire des intellectuels, des ingénieurs, des médecins", avait-il dénoncé en juin.L'Algérie, qui a boudé la conférence de Rabat en raison de ses contentieux avec le Maroc, a accusé l'Europe d'encourager une exode massif des Africains professionnellement qualifiés.Ces exodes "drainent près de 80.000 personnes par an, dont 23.000 diplômés universitaire et sont aujourd'hui une cause plutôt qu'une conséquence du sous-développement", a récemment affirmé le ministre algérien des Affaires étrangères Mohamed Bedjaoui.La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cedeao) dont la plupart des quinze pays membres forment un important vivier de candidats à l'Eldorado européen, se démarquent également de l'approche européenne."Le problème de la fuite des cerveaux est crucial car la Cedeao aura besoin de chacun de ses experts pour soutenir le développement en Afrique", a souligné à Rabat son secrétaire exécutif, Mohamed Ibn Chambas.Ce responsable a réclamé qu'un partenariat euro-africain "incite au retour" des élites africaines immigrées, leur proposant "systématiquement" des programmes de soutien à des initiatives génératrices d'emplois dans leurs pays.
"Immigration choisie" : l'Afrique crie au pillage des "cerveaux"
Des responsables africains ont exprimé mardi en marge de la Conférence euro-africaine de Rabat sur l'immigration clandestine leur inquiétude sur le lancement d'une politique d'immigration "choisie" prônée la France et l'Espagne, qui accentuerait selon eux la "fuite des cerveaux".Les pays d'Afrique de l'Ouest et centrale craignent que cette inflexion de la politique européenne d'immigration ne vide leur pays des élites (cadres, médecins, ingénieurs) déjà peu nombreuses et décimées par le sida."Il est évident que ne nous ne pourrons accepter une immigration qui va prendre ce qu'il y a de meilleur chez nous et fermer les portes à tous ceux qui ont des problèmes d'emplois", a déclaré le ministre des Maliens de l'Extérieur, Oumar Dicko."Sur les 4 millions de Maliens à l'étranger, seuls 3% sont en Europe, c'est insignifiant et cette migration (vers l'Europe) doit facilement être absorbée", a ajouté M. Dicko, plaidant pour une ouverture non sélective du marché du travail européen.Le Sénégal, d'accord sur le principe d'une relance de l'immigration du travail en Europe, a aussi exprimé son inquiétude. "L'immigration légale ne doit pas frayer le chemin à une fuite catastrophique de cerveaux" vers le nord, a averti le chef de la diplomatie sénégalaise, Cheick Tidiane Gadio.Les ministres africains présents à Rabat ont semblé peu convaincus par les explications du ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, qui s'est livré lundi à une défense en règle de la nouvelle loi française sur l'immigration adoptée le 30 juin."L'expression immigration +choisie+ a été parfois mal comprise ou caricaturée. Il n'a jamais été question pour moi d'organiser une sélection unilatérale des migrants sur la base de leur diplôme", assurait M. Sarkozy."L'immigration, dans mon esprit, doit être choisie par le pays de destination comme par le pays d'origine. Elle doit résulter d'un accord de volonté entre le pays de départ et le pays d'arrivée", avait ajouté M. Sarkozy, deux mois après deux visites empoisonnées par ce thème au Mali et au Bénin.M. Sarkozy répondait indirectement à Rabat au président sénégalais Abdoulaye Wade, premier à s'être opposé à la loi française de l'immigration "choisie" plutôt que "subie", qui durcit les conditions d'entrée et de séjour en France."Ce n'est pas honnête de dire immigration choisie ou pas choisie (...) Ils vont choisir des cadres formés, c'est-à-dire des intellectuels, des ingénieurs, des médecins", avait-il dénoncé en juin.L'Algérie, qui a boudé la conférence de Rabat en raison de ses contentieux avec le Maroc, a accusé l'Europe d'encourager une exode massif des Africains professionnellement qualifiés.Ces exodes "drainent près de 80.000 personnes par an, dont 23.000 diplômés universitaire et sont aujourd'hui une cause plutôt qu'une conséquence du sous-développement", a récemment affirmé le ministre algérien des Affaires étrangères Mohamed Bedjaoui.La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cedeao) dont la plupart des quinze pays membres forment un important vivier de candidats à l'Eldorado européen, se démarquent également de l'approche européenne."Le problème de la fuite des cerveaux est crucial car la Cedeao aura besoin de chacun de ses experts pour soutenir le développement en Afrique", a souligné à Rabat son secrétaire exécutif, Mohamed Ibn Chambas.Ce responsable a réclamé qu'un partenariat euro-africain "incite au retour" des élites africaines immigrées, leur proposant "systématiquement" des programmes de soutien à des initiatives génératrices d'emplois dans leurs pays.
"le Messager", 11 juillet 2006
Le Sénégal remonte publiquement les bretelles à la France
par Thierry Ndong à Rabat Le ministre des affaires étrangères du Sénégal a fait un rappel à l’ordre au ministre français de l’Intérieur hier à Rabat pendant le débat général, à l’occasion de l’ouverture de la Conférence euro-africaine sur l’immigration clandestine.On l’attendait. Il est venu. Nicolas Sarkozy est resté égal à lui-même à la Conférence de Rabat. Imbu de sa propre personne. Le verbe haut. Le propos impertinent et irrespectueux. Le complexe de supériorité affiché. Et toujours des leçons à donner. Malgré le retard (environ une heure de temps) accusé par rapport au début des travaux, le ministre français de l’Intérieur et de l’aménagement du territoire n’a pas véritablement pris le temps d’écouter les autres. Il prend la parole à la tribune de la Conférence. Pour délivrer sa vision (et ses solutions) en vue de lutter efficacement contre l’immigration clandestine. “ Je souscris sans réserve à la vision globale de la politique d’immigration, qui est le principe fondateur de la Conférence de Rabat ”, explique en substance Nicolas Sarkozy. Pour lui, c’est “ une démarche profondément novatrice qui ouvre une ère nouvelle dans la gestion des flux migratoires ”. Et de poursuivre : “ La mise en place d’un plan pragmatique représente une étape essentielle dans la voie d’une gestion concertée de l’immigration. Ce plan comporte des mesures de bon sens dont l’objectif est d’améliorer la gestion des flux migratoires entre l’Afrique et l’Europe. Je pense en particulier à la création de l’observatoire euro-africain des migrations, aux mesures destinées à favoriser le co- développement, à faciliter l’accès des étudiants africains aux universités européennes, à promouvoir des accords de réadmission pour lutter contre l’immigration illégale ”.Avant cette sortie, Nicolas Sarkozy n’est pas seulement positif. Taquin sur les bords, il règle quelques comptes non soldés. “ Il faut écarter une fois pour toute les deux dogmes qui n’en finissent pas de polluer le débat sur l’immigration. L’immigration zéro est un mythe dangereux…Je n’accepte pas non plus le discours extrémiste des partisans de l’immigration sans limite ! L’Europe ne peut pas recevoir tous ceux qui voient en elle un eldorado… Il est grand temps que l’Europe et l’Afrique unissent leurs forces pour éradiquer cet odieux trafic, version contemporaine de l’esclavagisme ”.RépliqueLa réaction à ces (derniers) propos de Nicolas Sarkozy suscite immédiatement une levée de bouclier du côté sénégalais. Cheikh Tidiane Gadio, contre toute attente, monte au créneau pour faire des remarques sur l’intervention de Nicolas Sarkozy. Le chef de la délégation sénégalaise à la Conférence à Rabat, bien qu’ayant déjà délivré son allocution dans le cadre de la cérémonie d’ouverture de la Conférence euro-africaine de la capitale marocaine, tient à faire certaines précisions en rapport avec les propos du ministre français. “ Je ne voudrais pas que cette Conférence se transforme en débat franco-sénégalais, souligne d’emblée le ministre des Affaires étrangères du Sénégal. Nous avons des divergences connues. Nicolas Sarkozy a présenté le concept d’immigration choisie. C’est son droit… Nous avons également le droit de refuser ce concept ”. Cheikh Tidiane Gadio critique la compréhension que le ministre français a de la vision du président Abdoulaye Wade en matière d’immigration illégale. “ Le président Wade n’a jamais prôné l’immigration zéro. Il est en faveur d’une politique de tolérance zéro en ce qui concerne l’immigration clandestine ”, explique le patron de la diplomatie sénégalaise. Sans détour, Cheikh Tidiane Gadio fait des remarques sur “ le ton et le contenu du discours de Nicolas Sarkozy ”. Aux noms de son pays et des autres pays africains, Cheikh Tidiane Gadio déclare solennellement : “ c’est un sentiment et une fierté partagés par tous ; nos pays n’acceptent pas qu’on leur donne des leçons. Avec une seule nuance pour le Sénégal, nous acceptons les leçons positives des autres pays. Nous voulons apprendre de ces pays… Ce que nous n’acceptons pas, c’est des donneurs de leçons… Nous voulons garder sur certaines questions notre libre droit à exprimer et partager nos idées… Nous sommes venus ici participer à une recherche des solutions. Sinon, nous ne serions pas venus à Rabat. Nous sommes venus dialoguer sans a priori. Nous sommes pour une concertation permanente. Nous sommes pour une gestion concertée du phénomène migratoire… Comme Sarkozy, nous pensons que tout le monde est perdant en matière d’immigration clandestine. Aussi, sommes-nous prêts à aller au fond du problème, sans langue de bois, mais dans un esprit où chacun est dans les meilleures dispositions pour recevoir la vérité ou les opinions émises par les autres ”. Et de finir “ en espérant de tout cœur que le dialogue franco-sénégalais se fera dans le cadre d’un accord en cours entre la France et le Sénégal, [pour] que cette Conférence ne se transforme en lieu d’arbitrage de ce dialogue ”. A bon entendeur…
Le Sénégal remonte publiquement les bretelles à la France
par Thierry Ndong à Rabat Le ministre des affaires étrangères du Sénégal a fait un rappel à l’ordre au ministre français de l’Intérieur hier à Rabat pendant le débat général, à l’occasion de l’ouverture de la Conférence euro-africaine sur l’immigration clandestine.On l’attendait. Il est venu. Nicolas Sarkozy est resté égal à lui-même à la Conférence de Rabat. Imbu de sa propre personne. Le verbe haut. Le propos impertinent et irrespectueux. Le complexe de supériorité affiché. Et toujours des leçons à donner. Malgré le retard (environ une heure de temps) accusé par rapport au début des travaux, le ministre français de l’Intérieur et de l’aménagement du territoire n’a pas véritablement pris le temps d’écouter les autres. Il prend la parole à la tribune de la Conférence. Pour délivrer sa vision (et ses solutions) en vue de lutter efficacement contre l’immigration clandestine. “ Je souscris sans réserve à la vision globale de la politique d’immigration, qui est le principe fondateur de la Conférence de Rabat ”, explique en substance Nicolas Sarkozy. Pour lui, c’est “ une démarche profondément novatrice qui ouvre une ère nouvelle dans la gestion des flux migratoires ”. Et de poursuivre : “ La mise en place d’un plan pragmatique représente une étape essentielle dans la voie d’une gestion concertée de l’immigration. Ce plan comporte des mesures de bon sens dont l’objectif est d’améliorer la gestion des flux migratoires entre l’Afrique et l’Europe. Je pense en particulier à la création de l’observatoire euro-africain des migrations, aux mesures destinées à favoriser le co- développement, à faciliter l’accès des étudiants africains aux universités européennes, à promouvoir des accords de réadmission pour lutter contre l’immigration illégale ”.Avant cette sortie, Nicolas Sarkozy n’est pas seulement positif. Taquin sur les bords, il règle quelques comptes non soldés. “ Il faut écarter une fois pour toute les deux dogmes qui n’en finissent pas de polluer le débat sur l’immigration. L’immigration zéro est un mythe dangereux…Je n’accepte pas non plus le discours extrémiste des partisans de l’immigration sans limite ! L’Europe ne peut pas recevoir tous ceux qui voient en elle un eldorado… Il est grand temps que l’Europe et l’Afrique unissent leurs forces pour éradiquer cet odieux trafic, version contemporaine de l’esclavagisme ”.RépliqueLa réaction à ces (derniers) propos de Nicolas Sarkozy suscite immédiatement une levée de bouclier du côté sénégalais. Cheikh Tidiane Gadio, contre toute attente, monte au créneau pour faire des remarques sur l’intervention de Nicolas Sarkozy. Le chef de la délégation sénégalaise à la Conférence à Rabat, bien qu’ayant déjà délivré son allocution dans le cadre de la cérémonie d’ouverture de la Conférence euro-africaine de la capitale marocaine, tient à faire certaines précisions en rapport avec les propos du ministre français. “ Je ne voudrais pas que cette Conférence se transforme en débat franco-sénégalais, souligne d’emblée le ministre des Affaires étrangères du Sénégal. Nous avons des divergences connues. Nicolas Sarkozy a présenté le concept d’immigration choisie. C’est son droit… Nous avons également le droit de refuser ce concept ”. Cheikh Tidiane Gadio critique la compréhension que le ministre français a de la vision du président Abdoulaye Wade en matière d’immigration illégale. “ Le président Wade n’a jamais prôné l’immigration zéro. Il est en faveur d’une politique de tolérance zéro en ce qui concerne l’immigration clandestine ”, explique le patron de la diplomatie sénégalaise. Sans détour, Cheikh Tidiane Gadio fait des remarques sur “ le ton et le contenu du discours de Nicolas Sarkozy ”. Aux noms de son pays et des autres pays africains, Cheikh Tidiane Gadio déclare solennellement : “ c’est un sentiment et une fierté partagés par tous ; nos pays n’acceptent pas qu’on leur donne des leçons. Avec une seule nuance pour le Sénégal, nous acceptons les leçons positives des autres pays. Nous voulons apprendre de ces pays… Ce que nous n’acceptons pas, c’est des donneurs de leçons… Nous voulons garder sur certaines questions notre libre droit à exprimer et partager nos idées… Nous sommes venus ici participer à une recherche des solutions. Sinon, nous ne serions pas venus à Rabat. Nous sommes venus dialoguer sans a priori. Nous sommes pour une concertation permanente. Nous sommes pour une gestion concertée du phénomène migratoire… Comme Sarkozy, nous pensons que tout le monde est perdant en matière d’immigration clandestine. Aussi, sommes-nous prêts à aller au fond du problème, sans langue de bois, mais dans un esprit où chacun est dans les meilleures dispositions pour recevoir la vérité ou les opinions émises par les autres ”. Et de finir “ en espérant de tout cœur que le dialogue franco-sénégalais se fera dans le cadre d’un accord en cours entre la France et le Sénégal, [pour] que cette Conférence ne se transforme en lieu d’arbitrage de ce dialogue ”. A bon entendeur…
"le Courrier international" (revue de presse), 11 juillet 2006
Concours de belles paroles euro-africaines à Rabat
"Développer l'Afrique" pour "mieux maîtriser l'immigration", sans pour autant "encourager la fuite des cerveaux"... Le premier sommet euro-africain sur l'immigration s'est donné des objectifs louables. Mais il suscite quelques commentaires désabusés dans la presse des pays concernés.Toute la difficulté consiste à trouver l'équilibre. Entre la lutte contre l'immigration clandestine et la gestion d'arrivées légales. Entre la sécurité des clandestins et des pays de destination et le développement des Etats d'origine. Entre une Europe qui ne peut se laisser "déborder par une immigration incontrôlée" et une Afrique "qui ne souhaite pas la fuite de ses élites", a résumé le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, cité par La Libre Belgique.Le quotidien marocain L'Economiste est tout fier d'annoncer que les 10 et 11 juillet, "Rabat abrite la conférence euro-africaine sur la migration et le développement. Une soixantaine de pays et d'organisations d'Europe et d'Afrique ont fait le déplacement pour participer à cette initiative hispano-marocaine à l'origine, soutenue par la France et l'Union européenne. C'est la première fois que ministres européens et africains - représentant les pays d'origine, de transit et de destination - se mettent autour d'une même table pour débattre de migration", relève La Libre Belgique.Aujourd'hui le Maroc rappelle que cette conférence "répond au SOS lancé en octobre 2005 par le Maroc et l'Espagne, alors submergés par des assauts de clandestins africains sur les grillages des frontières des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, dans le nord du Maroc. Quatorze personnes avaient péri dans ces assauts. Le verrouillage policier ultérieur de cette unique frontière terrestre entre l'Afrique et l'Europe n'a fait que déplacer la pression vers l'archipel des Canaries, où plus de 10 000 émigrants africains partis de Mauritanie ou du Sénégal ont déferlé depuis janvier à bord de barques de fortune. Des centaines ont péri noyés."Le Soleil cite avec beaucoup de révérence l'intervention du chef de la délégation sénégalaise, le ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio. "Une migration légale davantage facilitée contribuerait de façon significative à stabiliser les flux migratoires. L'impression de ne pas avoir la possibilité de visiter les autres pays du monde peut conduire les individus à des comportements regrettables. Les cadres professionnels de tous horizons ainsi que les étudiants ont besoin de séjourner temporairement dans les pays développés pour s'imprégner des innovations organisationnelles et technologiques qui sont les nouveaux moteurs de la croissance économique. Les hommes d'affaires du Sud, en particulier, doivent aller à la rencontre de nouveaux partenaires pour attirer chez nous des investisseurs, conquérir de nouveaux marchés et trouver des débouchés à nos produits. Le refus systématique du visa est une incitation, peut-être involontaire, à l'exploration des solutions de désespoir. Mais il reste entendu que l'organisation de la migration légale ne doit pas frayer le chemin à la fuite des cerveaux." Ce dernier point ne sera pas facile à obtenir. "Selon les estimations avancées en marge de la conférence, ils sont 4 millions d'Africains ayant des diplômes d'enseignement supérieur et ayant choisi de vivre en Europe", souligne L'Economiste.Dans le quotidien espagnol El Mundo, Franco Frattini, vice-président de la Commission européenne, semble répondre au ministre sénégalais. "L'Europe doit impérativement mettre en place des mécanismes pour contrôler globalement au niveau européen les conditions d'entrée des immigrants." Citée par le quotidien anglais The Times, sa collègue Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne aux Affaires extérieures, reconnaît que "l'Union ne peut plus ignorer les causes premières des mouvements de population, à savoir la pauvreté et l'insécurité".Rappelant que "la Convention des Nations unies sur les migrants n'a été ratifiée par personne", L'Economiste estime que l'originalité de la conférence sera "d'enfin lier l'émigration au développement. Si les conditions de vie sont meilleures en Afrique, la tentation d'immigrer illégalement sera moins forte." Et Aujourd'hui le Maroc de se réjouir que "la Conférence de Rabat doit déboucher sur l'adoption d'une déclaration politique et d'un plan d'action conjuguant pour la première fois des mesures de contrôle des 'routes de l'immigration' clandestine, de développement et co-développement, et d'organisation de l'immigration légale".Le quotidien espagnol ABC vient toutefois troubler cette belle unanimité. "Pour l'instant, ni les pays africains, ni les pays européens n'ont fait émerger autre chose que les idées classiques toujours rabâchées, répétant sans relâche les mêmes propos lénifiants. Les Africains se félicitent que ce sommet établisse un lien officiel entre le développement et l'émigration, et ils en profitent pour réclamer plus d'aide. Il faut pourtant sortir de ce schéma d'aide financière dont on sait qu'elle ne profite qu'aux dirigeants responsables du désastre qu'est aujourd'hui l'Afrique. Pendant que ceux-là s'enrichissent et que les ministres discutent à Rabat, des dizaines de milliers d'Africains attendent qu'on finisse de construire les barques sur lesquelles ils placent toutes leurs espérances futures."Dans The Times, un officiel, Georg Lennkh, envoyé spécial de l'Autriche pour l'Afrique et ancien ambassadeur, émet lui aussi des doutes sur les résultats prévus du sommet de Rabat. "En Afrique, 80 % de la jeunesse est au chômage et cela constitue une vraie bombe sociale. Les dirigeants africains n'ont aucun intérêt à garder ces jeunes chez eux, il vaut mieux pour eux les laisser partir."Eric Glover
Concours de belles paroles euro-africaines à Rabat
"Développer l'Afrique" pour "mieux maîtriser l'immigration", sans pour autant "encourager la fuite des cerveaux"... Le premier sommet euro-africain sur l'immigration s'est donné des objectifs louables. Mais il suscite quelques commentaires désabusés dans la presse des pays concernés.Toute la difficulté consiste à trouver l'équilibre. Entre la lutte contre l'immigration clandestine et la gestion d'arrivées légales. Entre la sécurité des clandestins et des pays de destination et le développement des Etats d'origine. Entre une Europe qui ne peut se laisser "déborder par une immigration incontrôlée" et une Afrique "qui ne souhaite pas la fuite de ses élites", a résumé le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, cité par La Libre Belgique.Le quotidien marocain L'Economiste est tout fier d'annoncer que les 10 et 11 juillet, "Rabat abrite la conférence euro-africaine sur la migration et le développement. Une soixantaine de pays et d'organisations d'Europe et d'Afrique ont fait le déplacement pour participer à cette initiative hispano-marocaine à l'origine, soutenue par la France et l'Union européenne. C'est la première fois que ministres européens et africains - représentant les pays d'origine, de transit et de destination - se mettent autour d'une même table pour débattre de migration", relève La Libre Belgique.Aujourd'hui le Maroc rappelle que cette conférence "répond au SOS lancé en octobre 2005 par le Maroc et l'Espagne, alors submergés par des assauts de clandestins africains sur les grillages des frontières des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, dans le nord du Maroc. Quatorze personnes avaient péri dans ces assauts. Le verrouillage policier ultérieur de cette unique frontière terrestre entre l'Afrique et l'Europe n'a fait que déplacer la pression vers l'archipel des Canaries, où plus de 10 000 émigrants africains partis de Mauritanie ou du Sénégal ont déferlé depuis janvier à bord de barques de fortune. Des centaines ont péri noyés."Le Soleil cite avec beaucoup de révérence l'intervention du chef de la délégation sénégalaise, le ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio. "Une migration légale davantage facilitée contribuerait de façon significative à stabiliser les flux migratoires. L'impression de ne pas avoir la possibilité de visiter les autres pays du monde peut conduire les individus à des comportements regrettables. Les cadres professionnels de tous horizons ainsi que les étudiants ont besoin de séjourner temporairement dans les pays développés pour s'imprégner des innovations organisationnelles et technologiques qui sont les nouveaux moteurs de la croissance économique. Les hommes d'affaires du Sud, en particulier, doivent aller à la rencontre de nouveaux partenaires pour attirer chez nous des investisseurs, conquérir de nouveaux marchés et trouver des débouchés à nos produits. Le refus systématique du visa est une incitation, peut-être involontaire, à l'exploration des solutions de désespoir. Mais il reste entendu que l'organisation de la migration légale ne doit pas frayer le chemin à la fuite des cerveaux." Ce dernier point ne sera pas facile à obtenir. "Selon les estimations avancées en marge de la conférence, ils sont 4 millions d'Africains ayant des diplômes d'enseignement supérieur et ayant choisi de vivre en Europe", souligne L'Economiste.Dans le quotidien espagnol El Mundo, Franco Frattini, vice-président de la Commission européenne, semble répondre au ministre sénégalais. "L'Europe doit impérativement mettre en place des mécanismes pour contrôler globalement au niveau européen les conditions d'entrée des immigrants." Citée par le quotidien anglais The Times, sa collègue Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne aux Affaires extérieures, reconnaît que "l'Union ne peut plus ignorer les causes premières des mouvements de population, à savoir la pauvreté et l'insécurité".Rappelant que "la Convention des Nations unies sur les migrants n'a été ratifiée par personne", L'Economiste estime que l'originalité de la conférence sera "d'enfin lier l'émigration au développement. Si les conditions de vie sont meilleures en Afrique, la tentation d'immigrer illégalement sera moins forte." Et Aujourd'hui le Maroc de se réjouir que "la Conférence de Rabat doit déboucher sur l'adoption d'une déclaration politique et d'un plan d'action conjuguant pour la première fois des mesures de contrôle des 'routes de l'immigration' clandestine, de développement et co-développement, et d'organisation de l'immigration légale".Le quotidien espagnol ABC vient toutefois troubler cette belle unanimité. "Pour l'instant, ni les pays africains, ni les pays européens n'ont fait émerger autre chose que les idées classiques toujours rabâchées, répétant sans relâche les mêmes propos lénifiants. Les Africains se félicitent que ce sommet établisse un lien officiel entre le développement et l'émigration, et ils en profitent pour réclamer plus d'aide. Il faut pourtant sortir de ce schéma d'aide financière dont on sait qu'elle ne profite qu'aux dirigeants responsables du désastre qu'est aujourd'hui l'Afrique. Pendant que ceux-là s'enrichissent et que les ministres discutent à Rabat, des dizaines de milliers d'Africains attendent qu'on finisse de construire les barques sur lesquelles ils placent toutes leurs espérances futures."Dans The Times, un officiel, Georg Lennkh, envoyé spécial de l'Autriche pour l'Afrique et ancien ambassadeur, émet lui aussi des doutes sur les résultats prévus du sommet de Rabat. "En Afrique, 80 % de la jeunesse est au chômage et cela constitue une vraie bombe sociale. Les dirigeants africains n'ont aucun intérêt à garder ces jeunes chez eux, il vaut mieux pour eux les laisser partir."Eric Glover
"the Times", 11 juillet 2006
Looking to halt the tide from the sea
by Anthony BrowneA high-level conference in Morocco will try to curb illegal migration and tackle its causesEUROPE faces disaster if Africa’s desperate youth is not given an alternative to seeking work in the North, the first Afro-European conference aimed at curbing illegal migration and its causes heard yesterday.As the number of migrants landing on European shores continues to escalate, interior and foreign ministers from nearly 60 African and European nations met in Morocco to discuss measures aimed at curbing illegal migration and the causes of it.The issue has become political dynamite in southern Europe as tens of thousands of illegal immigrants try to get into the EU across the Strait of Gibraltar by crossing the barriers of the Spanish enclaves of Ceuta and Melilla in North Africa, or taking rickety boats to the islands of Lampedusa and Malta. The journey is often perilous, with one estimate suggesting 10,000 people have died trying to make the crossing in the past decade. A similar number of Africans have been intercepted in the Canary Islands so far this year, more than in the whole of 2005.Europe’s traditional response has been to get tough, building higher barriers and launching ever more sea patrols. But critics claim that this is not stemming the flow, but provoking migrants into taking more dangerous routes. Recently, some have been trying to reach the Canaries from Senegal, a voyage of more than 600 miles.“We never took the right decisions and always opted for security solutions and now we are seeing the perverse effects,” said Muhammad Khachani, head of the Moroccan migration research group AMERM.European and African leaders attending the conference are looking at ways of improving the prospects for young Africans so that they do not feel the need to emigrate.Benita Ferrero Waldner, the EU External Affairs Commissioner, said: “We cannot ignore the primary causes for the population movements which are poverty and insecurity.”In a message to the conference, President Chirac said: “Let us offer Africa’s youth a future of dignity. Then it will not risk resorting to violence and extremism, or choosing, en masse, the paths of exile.” Immigration has become a particularly sensitive issue in France after youths of north African origin spent nights rioting in suburbs across the country.Nicolas Sarkozy, the interior minister, immediately tightened controls, resulting in angry protests against him across West Africa. He took a more conciliatory tone yesterday. “How can we restore confidence of Africa’s youth and persuade them that there is a future beyond migration?” he asked.“Our destinies are tied: Africa’s failure today would be Europe’s disaster tomorrow.”Taieb Fassi Fihri, the Deputy Foreign Minister of Morocco, which is hosting the assembly, said: “We have to fight clandestine immigration by attacking its roots which are poverty, plague, drought, armed conflict and insecurity.”Some European officials said, however, that many African governments struggling with social problems would prefer migration to continue. Georg Lennkh, the Austrian special envoy for Africa, said: “Eighty per cent youth unemployment is a social bomb. They don’t have an interest in keeping people there, they would rather let them go.”
Looking to halt the tide from the sea
by Anthony BrowneA high-level conference in Morocco will try to curb illegal migration and tackle its causesEUROPE faces disaster if Africa’s desperate youth is not given an alternative to seeking work in the North, the first Afro-European conference aimed at curbing illegal migration and its causes heard yesterday.As the number of migrants landing on European shores continues to escalate, interior and foreign ministers from nearly 60 African and European nations met in Morocco to discuss measures aimed at curbing illegal migration and the causes of it.The issue has become political dynamite in southern Europe as tens of thousands of illegal immigrants try to get into the EU across the Strait of Gibraltar by crossing the barriers of the Spanish enclaves of Ceuta and Melilla in North Africa, or taking rickety boats to the islands of Lampedusa and Malta. The journey is often perilous, with one estimate suggesting 10,000 people have died trying to make the crossing in the past decade. A similar number of Africans have been intercepted in the Canary Islands so far this year, more than in the whole of 2005.Europe’s traditional response has been to get tough, building higher barriers and launching ever more sea patrols. But critics claim that this is not stemming the flow, but provoking migrants into taking more dangerous routes. Recently, some have been trying to reach the Canaries from Senegal, a voyage of more than 600 miles.“We never took the right decisions and always opted for security solutions and now we are seeing the perverse effects,” said Muhammad Khachani, head of the Moroccan migration research group AMERM.European and African leaders attending the conference are looking at ways of improving the prospects for young Africans so that they do not feel the need to emigrate.Benita Ferrero Waldner, the EU External Affairs Commissioner, said: “We cannot ignore the primary causes for the population movements which are poverty and insecurity.”In a message to the conference, President Chirac said: “Let us offer Africa’s youth a future of dignity. Then it will not risk resorting to violence and extremism, or choosing, en masse, the paths of exile.” Immigration has become a particularly sensitive issue in France after youths of north African origin spent nights rioting in suburbs across the country.Nicolas Sarkozy, the interior minister, immediately tightened controls, resulting in angry protests against him across West Africa. He took a more conciliatory tone yesterday. “How can we restore confidence of Africa’s youth and persuade them that there is a future beyond migration?” he asked.“Our destinies are tied: Africa’s failure today would be Europe’s disaster tomorrow.”Taieb Fassi Fihri, the Deputy Foreign Minister of Morocco, which is hosting the assembly, said: “We have to fight clandestine immigration by attacking its roots which are poverty, plague, drought, armed conflict and insecurity.”Some European officials said, however, that many African governments struggling with social problems would prefer migration to continue. Georg Lennkh, the Austrian special envoy for Africa, said: “Eighty per cent youth unemployment is a social bomb. They don’t have an interest in keeping people there, they would rather let them go.”
8 juin 2006
L'odyssée clandestine des jeunes émigrés est "une sorte de djihad économique"
Depuis quelques semaines, des pirogues remplies de "boat people africains" quittent Dakar à destination de l'Europe. Selon Barka Ba, journaliste à L'Espace nouveau, "les candidats à l'immigration clandestine sont considérés comme des héros au Sénégal".COURRIER INTERNATIONAL Pourquoi des Dakarois des quartiers populaires ont-ils décidé brusquement d'embarquer dans des pirogues qui remontent la côte atlantique jusqu'aux Canaries ?BARKA BA Il faut d'abord comprendre que l'émigration est un phénomène ancien au Sénégal. Sans remonter trop loin dans le temps, dans les années 1960 déjà, il y avait une vague d'immigration massive vers les pays de l'Afrique centrale, principalement le Zaïre, où des émigrés, avec une folle témérité et au péril de leur vie, ont réussi dans le commerce du diamant et sont rentrés au pays auréolés de gloire. Dans les années 1970, l'immigration s'est déplacée en Europe et ne s'est depuis lors jamais arrêtée, et c'est à partir de ce moment que s'est construite la représentation fantasmée et fantasmatique d'un Occident pays de Cocagne où il suffit de se baisser pour ramasser l'argent. Il s'agit d'un mythe puissant pour les jeunes. Après le drame de Melilla et la fermeture quasi hermétique des traditionnelles voies de passage marocaines, les jeunes Dakarois ont trouvé la solution des pirogues de fortune ralliant les îles Canaries dans une folle équipée qui se termine souvent, hélas, par des tragédies indicibles.Comment expliquer qu'ils prennent de tels risques ? Comment réagissent leurs familles ?Au Sénégal, l'immigré qui réussit en Occident a un immense prestige social. C'est une sorte de "condottiere" des Temps modernes qui, contre vents et marée, a réussi à forcer la main au destin dans un continent perçu par tous comme irrémédiablement perdu et qui n'offre aucune alternative. L'immigré, c'est celui qui a réussi à faire un bras d'honneur à un quotidien médiocre et insupportable, et qui revient au pays au volant d'une grosse cylindrée et se fait construire une superbe villa dans un pays entré de plain-pied dans la société de consommation, de la frime et du tape-à-l'œil. De plus, ces jeunes conçoivent leur odyssée comme une sorte de "djihad économique" et ils se sentent investis d'une mission de sacrifice pour la collectivité afin de sortir leurs parents de la pauvreté. De ce fait, ceux qui meurent au cours de ce périple sont perçus comme des martyrs, des kamikazes héroïques qui ont préféré tenter leur chance plutôt que se résigner à la fatalité. A cela s'ajoutent une vision catastrophique du continent africain et une désespérance sociale telle que ces damnés de la terre devenus des damnés de la mer sont persuadés que la seule solution se trouve en Occident, miroir aux alouettes.Comment expliquer que le gouvernement réagisse aussi brutalement et annonce son intention d'emprisonner les candidats à l'émigration clandestine ?A vrai dire, le gouvernement a été pris de court par le phénomènes des pirogues. Il y a eu une sorte de flottement au sommet de l'Etat sur la réaction à adopter devant un problème très complexe. A partir du moment où il y a eu une forte médiatisation sur l'affaire des pirogues dans la presse internationale et locale, ainsi que des pressions des pays de l'Union européenne, le gouvernement a réagi par des mesures draconiennes et parfois disproportionnées contre les clandestins. En même temps, cette répression est un aveu de l'impéritie et de l'incurie des pouvoirs publics, de leur incapacité à trouver une solution au chômage des jeunes. Beaucoup d'entre eux sont déçus par l'alternance [le président Abdoulaye Wade est arrivé au pouvoir en 2000 ; sa victoire à la présidentielle mettait un terme à quarante ans de règne du Parti socialiste], à laquelle ils avaient pourtant pris une part décisive. Pour autant, le gouvernement sénégalais, soucieux de son image mais se trouvant dans une posture assez inconfortable, a vivement protesté auprès des autorités espagnoles contre les conditions humiliantes dans lesquelles les jeunes Sénégalais sont parfois rapatriés. Il y a de ce fait une sorte de double discours des autorités, qui ne veulent pas s'aliéner une partie de leur jeunesse à quelques encablures des prochaines élections ni être taxées de laxisme par l'UE. Car le Sénégal reste très dépendant de l'aide internationale.Propos recueillis par Pierre Cherruau et Gina Milonga Valot
L'odyssée clandestine des jeunes émigrés est "une sorte de djihad économique"
Depuis quelques semaines, des pirogues remplies de "boat people africains" quittent Dakar à destination de l'Europe. Selon Barka Ba, journaliste à L'Espace nouveau, "les candidats à l'immigration clandestine sont considérés comme des héros au Sénégal".COURRIER INTERNATIONAL Pourquoi des Dakarois des quartiers populaires ont-ils décidé brusquement d'embarquer dans des pirogues qui remontent la côte atlantique jusqu'aux Canaries ?BARKA BA Il faut d'abord comprendre que l'émigration est un phénomène ancien au Sénégal. Sans remonter trop loin dans le temps, dans les années 1960 déjà, il y avait une vague d'immigration massive vers les pays de l'Afrique centrale, principalement le Zaïre, où des émigrés, avec une folle témérité et au péril de leur vie, ont réussi dans le commerce du diamant et sont rentrés au pays auréolés de gloire. Dans les années 1970, l'immigration s'est déplacée en Europe et ne s'est depuis lors jamais arrêtée, et c'est à partir de ce moment que s'est construite la représentation fantasmée et fantasmatique d'un Occident pays de Cocagne où il suffit de se baisser pour ramasser l'argent. Il s'agit d'un mythe puissant pour les jeunes. Après le drame de Melilla et la fermeture quasi hermétique des traditionnelles voies de passage marocaines, les jeunes Dakarois ont trouvé la solution des pirogues de fortune ralliant les îles Canaries dans une folle équipée qui se termine souvent, hélas, par des tragédies indicibles.Comment expliquer qu'ils prennent de tels risques ? Comment réagissent leurs familles ?Au Sénégal, l'immigré qui réussit en Occident a un immense prestige social. C'est une sorte de "condottiere" des Temps modernes qui, contre vents et marée, a réussi à forcer la main au destin dans un continent perçu par tous comme irrémédiablement perdu et qui n'offre aucune alternative. L'immigré, c'est celui qui a réussi à faire un bras d'honneur à un quotidien médiocre et insupportable, et qui revient au pays au volant d'une grosse cylindrée et se fait construire une superbe villa dans un pays entré de plain-pied dans la société de consommation, de la frime et du tape-à-l'œil. De plus, ces jeunes conçoivent leur odyssée comme une sorte de "djihad économique" et ils se sentent investis d'une mission de sacrifice pour la collectivité afin de sortir leurs parents de la pauvreté. De ce fait, ceux qui meurent au cours de ce périple sont perçus comme des martyrs, des kamikazes héroïques qui ont préféré tenter leur chance plutôt que se résigner à la fatalité. A cela s'ajoutent une vision catastrophique du continent africain et une désespérance sociale telle que ces damnés de la terre devenus des damnés de la mer sont persuadés que la seule solution se trouve en Occident, miroir aux alouettes.Comment expliquer que le gouvernement réagisse aussi brutalement et annonce son intention d'emprisonner les candidats à l'émigration clandestine ?A vrai dire, le gouvernement a été pris de court par le phénomènes des pirogues. Il y a eu une sorte de flottement au sommet de l'Etat sur la réaction à adopter devant un problème très complexe. A partir du moment où il y a eu une forte médiatisation sur l'affaire des pirogues dans la presse internationale et locale, ainsi que des pressions des pays de l'Union européenne, le gouvernement a réagi par des mesures draconiennes et parfois disproportionnées contre les clandestins. En même temps, cette répression est un aveu de l'impéritie et de l'incurie des pouvoirs publics, de leur incapacité à trouver une solution au chômage des jeunes. Beaucoup d'entre eux sont déçus par l'alternance [le président Abdoulaye Wade est arrivé au pouvoir en 2000 ; sa victoire à la présidentielle mettait un terme à quarante ans de règne du Parti socialiste], à laquelle ils avaient pourtant pris une part décisive. Pour autant, le gouvernement sénégalais, soucieux de son image mais se trouvant dans une posture assez inconfortable, a vivement protesté auprès des autorités espagnoles contre les conditions humiliantes dans lesquelles les jeunes Sénégalais sont parfois rapatriés. Il y a de ce fait une sorte de double discours des autorités, qui ne veulent pas s'aliéner une partie de leur jeunesse à quelques encablures des prochaines élections ni être taxées de laxisme par l'UE. Car le Sénégal reste très dépendant de l'aide internationale.Propos recueillis par Pierre Cherruau et Gina Milonga Valot
"le Messager" (Cameroun), 12 juillet 2006
Immigration clandestine : l’“esprit de Rabat” pour exorciser le phénomène
par Thierry Ndong à RabatLa Conférence euro-africaine sur la migration et le développement s’est achevée hier dans la capitale marocaine. Avec pour acquis une déclaration et un plan d’actions. L’absence d’un chronogramme d’exécution laisse craindre une énième conférence pour rien.Les amateurs de chiffres et dates seront déçus par les conclusions de la première Conférence euro-africaine sur la migration et le développement. Les participants à cette rencontre n’ont pas travaillé à la mobilisation immédiate des moyens nécessaires à la mise en œuvre du plan d’action en faveur de la migration et du développement en Afrique. La Conférence de Rabat n’a pas non plus arrêté un calendrier d’exécution de son plan d’action. Ce qui peut laisser croire à une conférence pour rien. Que non, répondent les promoteurs de la rencontre. Au cours de la conférence de presse de clôture de la conférence donnée hier a Rabat, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération s'est félicité du succès de cette rencontre. Pour Mohamed Benaissa, la Conférence de Rabat a atteint tous les objectifs fixés au départ. “ Tous les participants, pour la première fois, admettent que les questions migratoires ne peuvent être gérées de manière unilatérale ou unidimensionnelle… La conférence a [par conséquent] permis de concilier les impératifs et les contraintes des uns et des autres ”, s’est-il en substance réjoui.Toutes les parties participant à la conférence expriment également leur satisfaction par rapport aux résultats des travaux. Le ministre sénégalais de l’Intérieur et des collectivités locales parle “ d’un pas très important à Rabat ”. Ousmane Ngom salue en effet l’approche globale dans la stratégie de lutte contre l’immigration clandestine. Une approche assise sur le triangle développement – mobilité des migrants – lutte contre l’immigration illégale. “ Chaque branche du triangle aura désormais une égale attention ”, révèle le ministre sénégalais. Cette façon d’appréhender le phénomène de l’immigration irrégulière résume ce que les participants et les organisateurs de la rencontre appellent désormais “ l’Esprit de Rabat ”.Nouveaux accords de deuxième générationRabat 1, première étape d’un long processus à en croire les participants, a décliné une feuille de route pour démarrer le travail. Le plan d’action de la première conférence euro-africaine sur la migration et le développement est étalé sur six points. Le premier point porte sur la migration et le développement. Il y est notamment question de la promotion du développement, de la mise en place d’instruments financiers favorisant le co-développement, de la valorisation des connaissances et du savoir-faire, du développement des partenariats scientifiques, et, du renforcement de la coopération en matière de formation.Le plan d’action de la Conférence de Rabat traite en deuxième lieu de la migration légale. Ici, les actions s’organisent d’une part dans l’établissement des programmes de coopération en matière de gestion de l’immigration légale, et d’autre part, dans l’adoption des mesures facilitant la circulation des travailleurs et des personnes. La troisième préoccupation du plan d’action de Rabat 1 est relative à l’immigration clandestine. La coopération dans la lutte contre l’immigration irrégulière et le renforcement de la capacité de contrôle des frontières nationales des pays de transit ou de départ donnent une idée concrète du déploiement envisagé par les pays réunis dans la capitale marocaine. Le quatrième point de la feuille de route arrêtée à Rabat porte sur la coopération opérationnelle policière et judiciaire et aide aux victimes. La mise en place de mécanisme de financements appropriés n’est pas en reste. Concernant ce point du plan d’action, la Conférence de Rabat suggère “ une meilleure cohérence de tous les instruments de coopération et l’augmentation des différents soutiens financiers ”.Le plan d’action aborde enfin l’aspect lié au cadre et suivi institutionnel de Rabat 1. A ce sujet, la partie espagnole insiste sur la mise en place d’une “ task force politique et opérationnelle pour faire le monitoring de l’action à mettre en œuvre ”. Ce serait une “ sorte d’engagement politique permanent, indiquent les Espagnols qui précisent qu’il faut rester mobilisés car nous seront jugés aux résultats ”.
Immigration clandestine : l’“esprit de Rabat” pour exorciser le phénomène
par Thierry Ndong à RabatLa Conférence euro-africaine sur la migration et le développement s’est achevée hier dans la capitale marocaine. Avec pour acquis une déclaration et un plan d’actions. L’absence d’un chronogramme d’exécution laisse craindre une énième conférence pour rien.Les amateurs de chiffres et dates seront déçus par les conclusions de la première Conférence euro-africaine sur la migration et le développement. Les participants à cette rencontre n’ont pas travaillé à la mobilisation immédiate des moyens nécessaires à la mise en œuvre du plan d’action en faveur de la migration et du développement en Afrique. La Conférence de Rabat n’a pas non plus arrêté un calendrier d’exécution de son plan d’action. Ce qui peut laisser croire à une conférence pour rien. Que non, répondent les promoteurs de la rencontre. Au cours de la conférence de presse de clôture de la conférence donnée hier a Rabat, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération s'est félicité du succès de cette rencontre. Pour Mohamed Benaissa, la Conférence de Rabat a atteint tous les objectifs fixés au départ. “ Tous les participants, pour la première fois, admettent que les questions migratoires ne peuvent être gérées de manière unilatérale ou unidimensionnelle… La conférence a [par conséquent] permis de concilier les impératifs et les contraintes des uns et des autres ”, s’est-il en substance réjoui.Toutes les parties participant à la conférence expriment également leur satisfaction par rapport aux résultats des travaux. Le ministre sénégalais de l’Intérieur et des collectivités locales parle “ d’un pas très important à Rabat ”. Ousmane Ngom salue en effet l’approche globale dans la stratégie de lutte contre l’immigration clandestine. Une approche assise sur le triangle développement – mobilité des migrants – lutte contre l’immigration illégale. “ Chaque branche du triangle aura désormais une égale attention ”, révèle le ministre sénégalais. Cette façon d’appréhender le phénomène de l’immigration irrégulière résume ce que les participants et les organisateurs de la rencontre appellent désormais “ l’Esprit de Rabat ”.Nouveaux accords de deuxième générationRabat 1, première étape d’un long processus à en croire les participants, a décliné une feuille de route pour démarrer le travail. Le plan d’action de la première conférence euro-africaine sur la migration et le développement est étalé sur six points. Le premier point porte sur la migration et le développement. Il y est notamment question de la promotion du développement, de la mise en place d’instruments financiers favorisant le co-développement, de la valorisation des connaissances et du savoir-faire, du développement des partenariats scientifiques, et, du renforcement de la coopération en matière de formation.Le plan d’action de la Conférence de Rabat traite en deuxième lieu de la migration légale. Ici, les actions s’organisent d’une part dans l’établissement des programmes de coopération en matière de gestion de l’immigration légale, et d’autre part, dans l’adoption des mesures facilitant la circulation des travailleurs et des personnes. La troisième préoccupation du plan d’action de Rabat 1 est relative à l’immigration clandestine. La coopération dans la lutte contre l’immigration irrégulière et le renforcement de la capacité de contrôle des frontières nationales des pays de transit ou de départ donnent une idée concrète du déploiement envisagé par les pays réunis dans la capitale marocaine. Le quatrième point de la feuille de route arrêtée à Rabat porte sur la coopération opérationnelle policière et judiciaire et aide aux victimes. La mise en place de mécanisme de financements appropriés n’est pas en reste. Concernant ce point du plan d’action, la Conférence de Rabat suggère “ une meilleure cohérence de tous les instruments de coopération et l’augmentation des différents soutiens financiers ”.Le plan d’action aborde enfin l’aspect lié au cadre et suivi institutionnel de Rabat 1. A ce sujet, la partie espagnole insiste sur la mise en place d’une “ task force politique et opérationnelle pour faire le monitoring de l’action à mettre en œuvre ”. Ce serait une “ sorte d’engagement politique permanent, indiquent les Espagnols qui précisent qu’il faut rester mobilisés car nous seront jugés aux résultats ”.
AP 11 juillet 2006
Africans, Europeans Release Migration Plan
by JOHN THORNE RABAT, Morocco (AP) -- Delegates from 58 countries promised Tuesday to combine tougher immigration enforcement with more aid for Africans to help stem a rising tide of illegal migration to Europe.The plan released by African and European delegates at the end of a two-day meeting on immigration includes proposals for short-term work visas, grants to migrants in Europe to start businesses back home and funding for job creation in regions with high emigration.It proposes international cooperation on enforcement of immigration laws, along with making it easier for legal migrants to Europe to send money home to Africa, stimulating the local economy.The plan is non-binding, vague on funding and it wasn't clear how much of the plan would ever be enacted - weaknesses that prompted European Union Justice and Home Affairs Commissioner France Frattini to call for a task force to monitor whether countries follow through.And the plan is conspicuously silent on corruption in Africa.Belgian Cooperation Minister Armand de Decker said in an interview that Africa's biggest problem is "bad African governance" leading to the misuse or theft of aid money. Many measures listed in the action plan - from academic exchanges to simple cash handouts - involve government oversight."Good governance must become the obsession of Africans," he said.Decker said European diplomats regularly press African governments to clean up their acts, "but if we do it in public they get offended." EU officials say migrants have been undaunted by the risks of crossing or by tightened border controls in Europe.Officials cited examples earlier in the meeing, saying more than 10,000 people have arrived in Spain's Canary Islands off the northwest coast of Africa since the beginning of 2006 - already more than twice as many as in 2005.In an apparent sign of concern over the problem, some European delegates proposed projects that largely sidestepped African governments.France, a major destination for migrants, dangled the idea of small loans to encourage Africans to stay home and start businesses.The migrants' swelling numbers, as well as the high death rate for crossings to Europe, prompted the search for solutions broader than just tough enforcement.Separately, in Brussels, Belgium, the European Commission proposed a $3.8 billion fund to promote good governance in Africa, as part of efforts to find solutions to global poverty at the upcoming Group of Eight summit of major economic powers.The European Union's executive office said the new fund for Africa should be used to encourage reform and should be distributed in addition to regular aid to those countries taking steps to improve governance.
Africans, Europeans Release Migration Plan
by JOHN THORNE RABAT, Morocco (AP) -- Delegates from 58 countries promised Tuesday to combine tougher immigration enforcement with more aid for Africans to help stem a rising tide of illegal migration to Europe.The plan released by African and European delegates at the end of a two-day meeting on immigration includes proposals for short-term work visas, grants to migrants in Europe to start businesses back home and funding for job creation in regions with high emigration.It proposes international cooperation on enforcement of immigration laws, along with making it easier for legal migrants to Europe to send money home to Africa, stimulating the local economy.The plan is non-binding, vague on funding and it wasn't clear how much of the plan would ever be enacted - weaknesses that prompted European Union Justice and Home Affairs Commissioner France Frattini to call for a task force to monitor whether countries follow through.And the plan is conspicuously silent on corruption in Africa.Belgian Cooperation Minister Armand de Decker said in an interview that Africa's biggest problem is "bad African governance" leading to the misuse or theft of aid money. Many measures listed in the action plan - from academic exchanges to simple cash handouts - involve government oversight."Good governance must become the obsession of Africans," he said.Decker said European diplomats regularly press African governments to clean up their acts, "but if we do it in public they get offended." EU officials say migrants have been undaunted by the risks of crossing or by tightened border controls in Europe.Officials cited examples earlier in the meeing, saying more than 10,000 people have arrived in Spain's Canary Islands off the northwest coast of Africa since the beginning of 2006 - already more than twice as many as in 2005.In an apparent sign of concern over the problem, some European delegates proposed projects that largely sidestepped African governments.France, a major destination for migrants, dangled the idea of small loans to encourage Africans to stay home and start businesses.The migrants' swelling numbers, as well as the high death rate for crossings to Europe, prompted the search for solutions broader than just tough enforcement.Separately, in Brussels, Belgium, the European Commission proposed a $3.8 billion fund to promote good governance in Africa, as part of efforts to find solutions to global poverty at the upcoming Group of Eight summit of major economic powers.The European Union's executive office said the new fund for Africa should be used to encourage reform and should be distributed in addition to regular aid to those countries taking steps to improve governance.